Une véritable polémique alimente les débats au bidonville Fedj Errih, après les récentes déclarations du wali lors de l'annonce du programme d'éradication des bidonvilles de la ville de Constantine, prévu pour le premier semestre de l'année en cours. Le chiffre de 800 familles donné par le wali n'est pas passé sans susciter des réactions de la part des habitants de l'un des plus importants sites d'habitats précaires. L'association Ben Badis du site Fedj Errih, situé sur les hauteurs de la cité Emir Abdelkader, nous a sollicités pour exprimer son étonnement quant aux chiffres avancés par le wali, rappelant que le recensement effectué par des commissions mixtes représentant l'association et le secteur urbain d'El Kantara, le 6 janvier 2003, et reporté sur les listes des neuf groupements composant le site, portant la référence n°729/03, avait comptabilisé 1120 familles à l'époque. « Toutes ces familles ont habité le bidonville depuis des années et ne comptent pas d'intrus. Le recensement que nous avons effectué avec le président et le délégué du secteur urbain d'El Kantara en 2003 n'a jamais inséré les noms de familles étrangères ; quant aux personnes qui sont venues s'installer chez leurs proches pour bénéficier de logements, elles n'ont jamais été inscrites sur les listes », nous assurent les représentants de l'association de Fedj Errih qui affirment avoir sollicité périodiquement les services du secteur urbain pour signaler toute tentative de construction par des indus occupants, ajoutant que l'APC a procédé à chaque fois à la démolition de toute nouvelle construction. Les concernés soutiennent que des rapports trimestriels sur les cas sociaux spécifiques ont été remis aux services de la commune. « Si la situation du bidonville a évolué durant ces dernières années, c'est que de nombreux jeunes du quartier ont choisi de se marier et de fonder leurs propres foyers, ce qui est tout à fait naturel au vu des conditions de vie difficiles que les familles nombreuses enduraient face à l'exiguïté de leurs gourbis », nous explique-t-on à Fedj Errih. Ces nouveaux mariés dont le nombre est estimé à 132 familles, recensées en 2003 et 2004 ne connaissent pas encore leur sort, surtout que les représentants du quartier affirment avoir fermé la liste en 2005. Il faut dire que depuis l'annonce du wali qui, pour sa part, affirme que les chiffres en sa possession sont basés sur une enquête effectuée par les services de l'administration, un climat d'angoisse règne au bidonville Fedj Errih, au point où les habitants commencent sérieusement à douter qu'ils puissent voir un jour ce relogement tant attendu.