La wilaya de Boumerdès est loin de tirer profit de ses potentialités halieutiques. Ce secteur qui peut jouer un rôle prépondérant dans la relance de l'économie locale se trouve, hélas, confronté au manque de structures qui pourraient répondre aux exigences de l'heure et aux attentes des professionnels du secteur. Avec 90 km de côte, cette wilaya offre des atouts et des énormes potentialités aquacoles, mais qui restent sous-exploitées. Faute d'une stratégie de développement efficiente et rentable des ressources existantes, cette wilaya n'arrive même pas à satisfaire la demande locale en matière de produits halieutiques. Le poisson bleu, notamment la sardine, qui est l'un des produits de large consommation dans la wilaya, manque drastiquement dans les marchés. Contrairement aux années précédentes, ce produit affiche, depuis le début de l'année, des prix onéreux et reste inaccessible aux petites bourses. Les deux ports de pêche que compte cette wilaya, à savoir Zemmouri et Dellys, sont saturés et ne répondent pas aux normes requises. Celui de Dellys date de 1925 et ne répond plus aux besoins des pêcheurs malgré les travaux de réaménagement et d'extension qui y ont été menés ces dernières années. Sa flottille est composée de plus de 160 unités entre sardiniers, chalutiers et petits métiers. « Nous n'avons bénéficié d'aucune aide. L'Etat nous a abandonnés et nous n'avons pas de moyens », déclare un groupe de pêcheurs en soulignant que la quasi-totalité des jeunes qui activent dans le secteur sont livrés à eux-mêmes. Les plaignants évoquent les difficultés inhérentes à l'exiguïté du port et le difficile accès des chalutiers et des sardiniers. « Nos embarcations et nos sardiniers accostent au niveau du plan d'eau et rien n'y a été fait pour nous protéger contre les houles de l'ouest et du nord », se plaint un jeune pêcheur de la région. Par ailleurs, bien qu'il soit rénové, le port de Zemmouri connaît ces dernières années une certaine saturation. D'où la nécessite de son extension et son développement de manière à répondre aux besoins exprimés. Là, on dénombre en plus d'une soixantaine de sardiniers, une vingtaine d'armateurs et autres artisans. « Nous avons plus de 80 sardiniers et une centaine d'embarcations et notre port est appelé à se développer à l'avenir », soutiennent les professionnels, rencontrés sur place en déplorant le manque de chambres frigorifiques pour qu'ils puissent conserver leurs produits. A entendre nos interlocuteurs, même les moyens de transport font défaut et leur problème majeur réside dans la distribution, notamment pendant les périodes de grande chaleur où les conditions de transport et de commercialisation sont soumises à un vigoureux contrôle et doivent être adaptées. « L'Etat n'aide plus les petits pêcheurs à développer leur activité, il y un certain monopole dans le secteur et les petits pêcheurs ne peuvent plus tenir face à la concurrence qui y règne », lance Rachid, un jeune pêcheur de Zemmouri en s'interrogeant sur les 37 projets affectés pour la wilaya dans le cadre de la relance économique du Fonds national de développement de la pêche et de l'aquaculture (FNDP). Pour ce qui est du port de Cap Djinet, les informations recueillies auprès des pêcheurs font état d'un grand retard dans l'avancement des travaux. Les jeunes de la localité, dont la plupart qui « vivotent » de cette activité et qui se montrent très sceptiques quant à la relance de l'activité à la faveur de la réception du projet, précisent n'avoir bénéficié d'aucune autre infrastructure pouvant permettre l'exploitation des richesses que recèle leur localité.