À la veille du lancement de procédure de destitution pour violation de la constitution, le président de la République islamique du Pakistan, Pervez Musharraf a annoncé dimanche soir, à la télévision, qu'il démissionnait. Il a évité ainsi une longue bataille juridique non souhaitée par les deux camps qui aurait mené le pays vers une grave crise. Dans ce discours d'adieu dédié à la défense de son action, Pervez Musharraf a déclaré : « Tout ce que j'ai fait était pour le peuple et pour le pays. J'espère que la nation et le peuple pardonneront mes erreurs. » Il a également insisté sur la crise du pays : « Je prie pour que le gouvernement arrête cette dégringolade et sorte le pays de la crise. » Cette démission intervient à la veille du lancement de la procédure de destitution émise par les partis de l'opposition qui avaient gagné les dernières élections législatives au début de l'année. Ces partis de coalition avaient juré de l'évincer du pouvoir. Ce qu'elle a réussi à faire. Hier, dans l'après-midi, Pervez Musharraf a remis officiellement sa démission au président de l'Assemblée nationale. Victoire pour l'opposition L'intérim de la présidence sera assurée par le président du Sénat Mohammedmian Soomro. A l'heure actuelle, impossible de connaître le nom du successeur de Musharraf. Cependant, il sera issu du parti du peuple pakistanais, le PPP, a assuré son co-président le fils de Benazir Bhutto. Le camp anti-Musharraf, mené par le PPP, le parti de Benazir Bhutto, et l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, s'est empressé de crier victoire. « C'est une victoire des forces démocratiques. La fin d'un chapitre, celui de l'ombre de la dictature, qui planait depuis longtemps sur ce pays », explique le ministre de l'Information, Sherry Rehman. Pour l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, le départ de Musharraf est une revanche sur l'histoire. En effet, c'était lui qui avait évincé du pouvoir Nawaz Sharif en 1999, alors qu'il était le chef des armées. C'est en effet la première fois dans l'histoire de ce pays qu'un président démissionne. Le Pakistan a plus l'habitude des coups d'Etat. Désormais, le parti du peuple pakistanais, le PPP, dirigé par Asif Zardari et la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de Nawaz Sharif devront se mettre d'accord sur une ligne politique commune. Ces deux partis frères ennemis ne s'entendaient jusqu'alors que par leur opposition sur Pervez Musharraf. Depuis leur prise de pouvoir, les deux partis ont déjà su montrer leur différence de point de vue politique. Un avenir incertain L'avenir de Pervez Musharraf demeure tout aussi incertain que l'avenir politique de son pays. L'ancien chef d'Etat n'a pas encore décidé s'il restait ou s'il partait en exil. Dans ce dernier cas, la destination de la Turquie ou de l'Arabie saoudite semble des plus probables. Interrogé sur ces mêmes questions, le ministre des Affaires étrangères n'a guère donné plus d'explication : « C'est une décision qui doit être prise par la direction démocratique. Les responsables de la coalition au pouvoir doivent en effet désormais se concerter sur la situation politique issue de cette démission au sommet de l'Etat. » C'est en tout cas une sortie par la petite porte pour Pervez Musharraf qui dirigé le pays d'une main de fer depuis 1999. Le tout nouveau ancien chef d'Etat n'avait plus la cote tant sur le plan international où ces alliés américains n'affichaient plus un clair soutien, comme au lendemain du 11 septembre, que sur le plan national. Dans les grandes villes du pays, de nombreux manifestants sont descendus dans la rue scandant des slogansanti-Musharraf.