Eventualité n Neuf ans après sa prise de pouvoir et moins d'une année après sa réélection «controversée», Pervez Musharraf pourrait être démis de ses fonctions dès aujourd'hui. A la tête d'un pays, théâtre de tensions politiques et militaires qui l'ont plongé dans une période très douloureuse, le président pakistanais «allié» des Etats-Unis, peut désormais compter ses jours. L'Assemblée nationale au Pakistan doit se réunir, aujourd'hui, lundi, à Islamabad pour se prononcer, plus tard dans la semaine, sur un acte d'accusation à l'encontre du président Pervez Musharraf, censé conduire à sa destitution. La coalition gouvernementale, qui a annoncé, jeudi dernier, le lancement d'une «longue et complexe» procédure de destitution du chef de l'Etat, devrait achever, dès aujourd'hui, de rédiger un acte d'accusation «circonstancié» contre M. Musharraf. «L'acte comporte des accusations de mauvaise administration et de violation de la Constitution», a dit au cours du week-end, le ministre de la Justice, Farooq Naek. Le premier parti de la coalition, le Parti du peuple pakistanais (PPP) de Asif Ali Zardari, le veuf de Benazir Bhutto, n'a pas souhaité dévoiler le contenu de cet acte d'accusation contre le président du Pakistan. Dimanche, des membres de la coalition ont exhorté Pervez Musharraf à démissionner, neuf ans après sa prise de pouvoir par un coup d'Etat militaire et moins d'une année après sa réélection controversée. L'article 47 de la Constitution de 1973 dispose que le président peut «être renvoyé en cas d'incapacité physique ou mentale, ou destitué s'il est coupable de violation de la Constitution ou de faute grossière», mais ce serait une première dans l'histoire du Pakistan. La coalition doit rassembler la majorité des deux tiers des deux chambres réunies du Parlement, soit 295 sièges sur 439, pour renvoyer le chef de l'Etat. Depuis les législatives du 18 février, le PPP de M. Zardari, la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz de M. Sharif et des petits partis disposent de 266 sièges à l'assemblée nationale et au Sénat et devront donc convaincre 29 autres parlementaires, peut-être ceux des zones tribales frontalières avec l'Afghanistan. Pour sa part, Pervez Musharraf a fait savoir, aujourd'hui, lundi, qu'il n'y avait «aucune raison» pour qu'il démissionne, augurant d'un long et complexe bras de fer procédural au sommet de l'Etat. «Il n'y a aucune raison pour qu'il démissionne. Tout ce qu'ils (ses ennemis politiques) disent est faux», a déclaré Rashid Qureshi, le porte-parole du président Musharraf. Il n'a livré, toutefois, aucun détail sur les intentions du président, mais cette mise au point est la première émanant du camp Musharraf depuis que la coalition gouvernementale a annoncé, jeudi, le lancement d'une procédure de destitution contre le chef de l'Etat.