Oued Zeguerre. C'était d'abord un haut lieu de la révolution algérienne. C'est aussi le nom d'une des grandes batailles livrées par les Algériens contre l'occupant, un certain 12 mai 1956. Skikda. De notre bureau A Oued Zeguerre est implantée aujourd'hui une stèle commémorative. Une stèle qui devait plutôt rappeler aux mémoires courtes le lourd sacrifice de tout un peuple. C'est à quelques mètres seulement de cette même stèle que, dimanche dernier, des Algériens se sont sauvagement attaqués à d'autres Algériens. C'est dimanche en fin d'après-midi que 12 citoyens, 8 jeunes policiers de la brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ), 3 militaires et un civil furent sauvagement assassinés. Tués d'abord par balle puis égorgés tous. Ils escortaient, à bord de leurs véhicules, deux Nissan, le commandant du secteur opérationnel de Skikda. Ils avaient passé la journée au cantonnement militaire implanté à Boulballout et devaient rejoindre Skikda. Un groupe terroriste, dont le nombre restera à jamais indéterminé, leur tend une embuscade sur la RN43, reliant Skikda à Jijel, à moins de 5 km de la commune de Aïn Kechra, à 68 km au sud-ouest de la wilaya de Skikda. Il est près de 19h quand trois bombes explosent au passage du convoi. Aussitôt, des tirs nourris commencent à pleuvoir. Huit jeunes policiers de la BMPJ n'ont même pas eu le temps de riposter et ont succombé à leurs blessures sur les lieux. Le commandant du secteur opérationnel, qui semble être le premier visé dans cet attentat, arrivera à éviter le même sort et parviendra à regagner la commune de Tamalous, où il parviendra à rassembler d'autres renforts pour repartir sur les lieux. Les terroristes pousseront alors l'horreur à son maximum en descendant pour égorger les jeunes policiers. Ils les délesteront et de leurs tenues et de leurs armes, 8 kalachnikovs et 7 pistolets automatiques. Les deux véhicules sont brûlés sur place. Attirés par le bruit des rafales, les militaires de l'unité de Boulballout, qui se trouvaient à quelques kilomètres seulement des lieux, viendront assister le convoi du commandant du secteur. Ils tomberont dans une deuxième embuscade sur la même RN43 à moins de 2 km de la première tuerie. Des bombes sont lancées par les terroristes. Le commandant de l'unité de Boulballout, le chef du détachement de la garde communale de Boulballout, un militaire ainsi qu'un civil qui regagnait sa demeure sont tués sur place après une longue riposte qui aura duré, selon les témoignages des habitants de la région, plus d'une demi-heure. Treize autres militaires ont été blessés, dont trois grièvement atteints. Aussitôt, des renforts aéroportés ont été déployés pour traquer le groupe terroriste. Devant le nombre important de morts et de blessés, l'hôpital de Tamalous, où ont été évacués en premier lieu les blessés, était bondé de militaires. Des renforts en ambulances ont été envoyés par les différents secteurs sanitaires de la région. Hier, la ville de Skikda a vécu un véritable cauchemar. Une grande consternation et une grande douleur se lisaient sur les visages des citoyens. La plupart des policiers de la BMPJ sont des jeunes skikdis qui font partie intégrante de la vie publique locale. On croit même revoir encore leurs visages souriants dans leur véhicule circulant à travers les artères de la ville. Leurs noms étaient hier sur toutes les lèvres. Sofiane, Salah… et les autres, désignés communément par les « gars du BRB » ont donné leur vie pour leur pays. Ils sont les nouveaux martyrs d'un pays indépendant. Tout comme leurs aînés, leur sang a coulé à Oued Zeguerre.