L'insécurité a longtemps été un frein au développement en Kabylie. Aujourd'hui, elle menace directement la vie des citoyens. Les habitants de la cité des Eucalyptus, à Tizi Ouzou, ont été soufflés à l'aube du 3 août dernier alors qu'ils dormaient dans leurs appartements. Tizi Ouzou : De notre bureau Ce n'est plus l'avenir économique de la région qui est compromis, c'est le droit à la vie qui est dénié au citoyen le plus anonyme, à présent qu'il est établi que des chargements d'explosifs circulent dans les maquis en passant entre les mailles du dispositif de sécurité. La population assiste, impuissante, à cette descente aux enfers, les signaux d'alerte n'ayant jamais convaincu les pouvoirs publics de la gravité de la situation. L'assassinat à bout portant, à Ouacifs, au mois de mai dernier, par un important groupe armé, d'un patron de bar et de son fils qui avait résisté à une tentative de kidnapping, révélait de l'existence d'une organisation criminelle, excroissance du maquis islamiste qui rançonnait les moindres commerces installés dans les montagnes. Douze terroristes avaient cerné le débit de boissons non pour sermonner les consommateurs mais pour ramasser la rançon décidée par de sombres « émirs ». Une descente terroriste qui révélait la face cachée de la guerre sourde et implacable menée par le GSPC contre l'ensemble des commerçants et des entrepreneurs de la région. Kidnappés, rançonnés, ces derniers n'ont que leurs yeux pour pleurer et leur trésorerie à vider. L'absence de dépôts de plainte par les victimes de rapts et de racket n'explique pas qu'aucune opération n'ait abouti au démantèlement des gangs du kidnapping. Un seul individu a été mis hors d'état de nuire dans la localité de Boghni, à une quarantaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, au mois de juin dernier, mais l'organisation spécialisée dans le rapt n'a été ni décapitée ni détruite. Deux enlèvements ont été enregistrés ultérieurement à Ouacifs et Taboukert. Un sérieux avertissement sur l'ampleur de la menace terroriste avait été lancé lors du « raid » mené contre la ville de Tizi Rached, en mars dernier, par une cinquantaine de terroristes qui avaient bouclé le chef-lieu de daïra, tuant un policier qui s'était aventuré dehors et faisant sauter les portes et les coffres de la poste et d'une agence bancaire. En termes de déploiement terroriste, en hommes et en armes, cette attaque était de la même ampleur que celle de Yakouren, quand la brigade de gendarmerie de la localité avait été prise pour cible, en juillet 2007. Quelle a été la riposte des services de sécurité et des autorités face à cette montée en cadence des attentats terroristes ? Les autorités ont redoublé de déclarations lénifiantes, décalées de la réalité, annonçant « le dernier souffle » du GSPC, un jeu de mots mal accueilli par l'opinion publique. Les services de sécurité tentent de remonter la pente de la réconciliation nationale qui a eu pour effet de mettre à la disposition du maquis terroriste une armée de repentis payés et remis dans le circuit social. La destruction par l'ANP d'un groupe de 12 terroristes, il y a deux semaines à Beni Douala, quelques jours après l'attentat kamikaze perpétré à Tizi Ouzou, a été un coup dur pour la horde islamiste qui a fait de la Kabylie son quartier général. Cette opération avait montré que le renseignement et l'opération militaire ciblée étaient le moyen le plus efficace pour arriver à bout d'une organisation islamiste qui s'est couplée à la grande criminalité.