La police des frontières de l'aéroport TunisCarthage a empêché, mardi 19 août, la journaliste tunisienne, Sihem Bensedrine, de quitter le territoire, alors qu'elle se préparait à prendre un vol pour Vienne, ont indiqué, hier, plusieurs ONG. L'Observatoire tunisien pour la liberté de presse, d'édition et de création, OLPEC, détaille dans un communiqué les circonstances du harcèlement subi par Mme Bensedrine. Après avoir subi une fouille méticuleuse de ses bagages à main et que ses documents personnels eurent été épluchés, les agents de la douane lui ont demandé de les suivre dans un bureau. En l'absence d'une raison valable, la journaliste a refusé de les suivre. C'est alors que plusieurs hommes en civil ont pris la relève des douaniers, sans décliner leur identité, précise l'OLPEC. « Après une heure de harcèlement, alors que la salle d'embarquement s'était vidée, une autre équipe de la police politique est arrivée, usant d'un ton et d'un langage discourtois et agressif, ils l'ont menacée de ne plus quitter le territoire tant qu'elle n'obéirait pas aux ordres », rapporte l'ONG. « Après que son avion fut parti, ils se sont jetés sur elle, la brutalisant et la bousculant jusqu'a ce qu'elle tombe au sol, ils ont alors jeté son sac à dos contenant le laptop et son sac à main ainsi que son passeport au loin, sur le sol de la salle d'embarquement tout en l'insultant et en lui intimant l'ordre de regagner son domicile », lit-on encore dans le communiqué. Pour rappel, Sihem Bensedrine et son mari, Omar Mestiri, ont fait l'objet d'une agression dans les bureaux de la douane en mars dernier. « Etant donné que la fouille à laquelle a été soumise Mme Bensedrine de la part d'agents des douanes en uniforme n'a débouché sur aucun motif de suspicion, la demande formulée par des personnes en civil, qui n'ont pas décliné leur identité, de les suivre dans des bureaux est totalement illégale, d'autant que Mme Bensedrine a fait l'objet d'une agression dans des conditions similaires au mois de mars au port de la Goulette et qu'aucune enquête n'a été déclenchée suite à la plainte en justice qu'elle a déposée », a déclaré à l'OLPEC l'avocat Raouf Ayadi, ajoutant qu'il s'agissait là « d'une violation flagrante du principe de légalité auquel est astreinte l'administration et qui suppose que l'administration énonce clairement la mesure qu'elle veut accomplir et la justifie ».