Qui connaît Lekbar Lahmar (la tombe rouge) ? Très peu de gens, certainement. C'est un de ces innombrables hameaux d'El Harrouche où vivent, dans des conditions moyenâgeuses, des personnes qui ne connaissent pas l'ampoule électrique, encore moins l'assainissement ou l'eau du robinet. Il vient d'être projeté au devant de la vox populi après que deux de ses habitants, des jeunes, ont rejoint l'autre rive de la Méditerranée. Ils ont joué leur vie pour fuir celle qu'on leur offre chez eux. Ils ont embarqué, après avoir payé le prix fort, à bord d'un canot de fortune à partir d'une plage de Annaba et ont réussi à voir et à toucher… l'Europe. A en croire des proches, ils auraient même appelé leurs parents respectifs pour les rassurer. Le cas des deux jeunes de Kbar Lahmar n'est pas unique à Skikda. Ils seraient des dizaines, voire des centaines. El harga n'est désormais plus le propre des jeunes citadins. Elle est aussi très présente dans le milieu rural. Il suffit juste d'ouvrir le débat avec les habitants de Bouchtata, Azzaba, El Harrouche, La Marsa pour qu'on vous raconte mille et une anecdotes, mille et une harga. Ces derniers jours seulement, des proches confirment le départ et l'arrivée à bon port de plusieurs jeunes.Ils sont de Diar Ezzitoune (Azzaba) , de Matéra (Salah Bouchaour…et d'autres encore. Pourtant, ceux-ci ne cherchent nullement la lune, juste l'égalité des chances pour un emploi. Mais soyons sérieux… qui oserait aujourd'hui, à Skikda, mettre à égalité un jeune de Kbar Lahmar avec le fils ou la fille de…Vous avez compris !