Les Algériens ne croient plus que la solution à la crise que vit le pays vienne du FLN. Pourtant, les responsables de l'ex-parti unique continuent d'asséner des déclarations affligeantes qui finissent de déboussoler des citoyens déjà durement éprouvés par les années de terrorisme. Abdelaziz Belkhadem invente le concept de « sécurité linguistique », au moment où les Algériens ont besoin de sécurité tout court. Il lance une charge contre les francophones qu'il accuse d'attenter à la langue du Coran et ne trouve rien à dire contre l'islamisme armé qui a incubé sous le règne FLN et qui continue de tuer les citoyens par dizaines. Il monte les Algériens les uns contre les autres, invoque la ouma, la langue sacrée et d'autres thèmes qui ont le seul effet de provoquer d'autres fractures au lieu de les refermer. La diversion est grossière, vu la crise sourde que vit actuellement ce parti inconsolable après avoir été écarté des leviers du gouvernement. Les déclarations du secrétaire général du FLN, et non moins représentant personnel du président de la République, lors de l'ouverture de l'université d'été de ce parti, dimanche dernier, à Blida, attestent que la nomination de ce « national-islamiste » à la tête du gouvernement en mai 2006 a été une authentique forfaiture. De fausses solutions, sinon dangereuses, à de vrais problèmes. L'université algérienne est sinistrée. Seulement 0,03% des publications universitaires internationales sont algériennes, loin derrière le Maroc (0,92 %) et la Tunisie (0,57%). Pour tirer l'université algérienne de cet abîme de sous-développement, auquel le FLN a massivement œuvré, Belkhadem ne trouve rien de mieux que d'ancrer un peu plus l'arabisation dans toutes les filières. Non content d'avoir fait passer le code de la famille en 1984 à l'APN, Belkhadem veut inscrire à son actif l'arabisation complète de l'université, qui va finir par faire partir ce qui reste de l'élite universitaire et amener les générations futures à tourner le dos au monde du savoir et des connaissances. La diversion est permise en politique, de même que les tentatives de gagner une opinion islamo-conservatrice, mais l'Algérie n'a vraiment pas besoin d'appels au lynchage ou ce qui s'y apparente. Sans un changement en profondeur du personnel politique, l'Algérien devra se résoudre à subir ce genre de déclarations décalées et incongrues. Après une série d'attentats sanglants qui ont emporté des dizaines de personnes, la seule sortie du président de la République a été d'adresser un message de condoléances au président du Sénégal, suite au décès de l'imam de la tariqa tidjania.