Indéniablement, la candidature de Barack Obama à la magistrature suprême des Etats-Unis ne laisse pas indifférent. Il y en a même que rien n'arrête dans leur opposition au jeune sénateur, dont la particularité est d'être un Noir. Ainsi donc, quatre personnes, qui ne sont pas fascinées uniquement par les armes, mais aussi et surtout ayant des ancêtres assassins, ont été arrêtées à Denver, dans l'ouest des Etats-Unis, et sont soupçonnées d'avoir voulu assassiner Barack Obama, a indiqué une chaîne de télévision américaine, lundi soir. Une porte-parole du FBI, Kathy Wright, a confirmé l'ouverture d'une enquête par le Bureau fédéral mais s'est refusée à donner plus de précisions. Tharin Gartrell, 28 ans, a été arrêté à un stop, tôt dimanche dans une banlieue est de Denver. Dans son camion, les policiers ont retrouvé deux fusils dont un avec une lunette, un gilet pare-balles, des boîtes de munitions, des talkies-walkies et de la drogue, a précisé un porte-parole de la police. La police de Denver a alors alerté le FBI qui a interpellé Nathan Johnson, 32 ans, dans un hôtel de Denver. Un troisième homme, Shawn Adolf, 33 ans, a été arrêté dans un hôtel de Glendale, dans la banlieue de Denver. Adolf aurait tenté de s'échapper en sautant d'une fenêtre du cinquième étage. Il a été hospitalisé, sa caution a été fixée à un million de dollars (681 300 euros). Marcus Dudley de la police d'Aurora n'a pas dit quel était le lien entre ces deux hommes, mais a ajouté que d'autres interpellations étaient possibles. L'un des fusils saisis a été volé et sa trace remonte jusqu'au Kanas, a souligné Dudley. Il a refusé de donner l'identité de son propriétaire. L'un des hommes arrêtés a indiqué aux autorités qu'ils « allaient tirer sur Obama depuis une position très favorable... avec un fusil, à une distance de 750 m », selon la chaîne CBS34. L'attentat contre M. Obama était supposé se produire jeudi, quand il prononcera son discours d'intronisation comme postulant du Parti démocrate à la présidentielle de novembre dans un stade, où sont attendues 75 000 personnes, a indiqué la chaîne. C'est-à-dire le jour même du 45e anniversaire de ce fameux « I have a dream » du célèbre leader noir, Martin Luther King, lui aussi assassiné alors même qu'il menait la lutte pacifique des Noirs pour leur émancipation et la conquête de leurs droits civiques. Cela aurait été certainement le pire cauchemar de l'Amérique qui n'a décidément pas fini avec ses tueurs d'espoir et d'escadrons de la mort. Des racistes, mais aussi le plus hideux visage d'une droite extrémiste que l'on cache sous le voile de l'Amérique conservatrice. Ceux-là n'ont rien compris à l'histoire, contrairement, il est bon de le constater, à ces millions d'Américains qui ont décidé d'accompagner Obama dans son combat. A cet égard, Caroline Kennedy a osé un rapprochement entre son père, l'ancien président assassiné en 1963, et le jeune sénateur. « Leurs histoires sont très différentes, mais ils partagent le même engagement pour l'éternel idéal américain de justice et d'équité, de défense du bien public et de sacrifice, de défense des valeurs et de la famille. Des dirigeants comme eux apparaissent rarement. Mais une ou deux fois par génération, ils sont là au moment où nous avons le plus besoin d'eux. » Dans le camp opposé, celui des républicains, le combat et les arguments sont bien entendu politiques. Sarah Simmons, stratège en chef de John McCain, estime qu'une bataille des primaires passionnante, une économie américaine qui se dégrade, une couverture médiatique « enthousiaste » et le discours final de M. Obama devant 75 000 personnes devraient lui donner un coup de fouet dans les sondages. « Le discours d'Obama jeudi dans un stade, le jour du 45e anniversaire de ‘'I have a dream'' de Martin Luther King, va lui valoir une couverture médiatique enthousiaste et colossale », a-t-elle écrit dans une note de campagne. « Nous pensons qu'Obama va rebondir de façon significative dans les sondages », ajoute-t-elle. C'est une présidentielle comme une autre. Mais la secte des assassins n'obéit pas à cette logique, c'est-à-dire la bataille d'idées et dans son prolongement la loi du nombre s'agissant de démocratie. Eux ont la gâchette facile. Le procureur de Denver, Troy Eid, a déclaré aux médias locaux qu'il ne pensait pas que la vie d'Obama était véritablement menacée. Le complot présumé fait l'objet d'une enquête du Secret Service, une agence fédérale mandatée par le Congrès, qui coordonne la sécurité à l'occasion de la convention démocrate ouverte depuis lundi à Denver, en collaboration avec 55 agences gouvernementales incluant le FBI et la CIA. « Nous avons été informés de cette question (complot présumé, NDR) ce soir par les services de police d'Aurora. Les agences fédérales travaillent main dans la main avec la police de Aurora. Comme le cas fait encore l'objet d'investigations, il n'y a pas grand chose que nous puissions dire à ce stade », a déclaré le procureur Eid. « Nous pouvons dire ceci : nous sommes absolument confiants dans le fait qu'il n'y a pas de menace crédible contre le candidat, la convention démocrate ou la population du Colorado », a affirmé le procureur. Dans un pays qui se remet encore des attentats du 11 septembre 2001 et où le spectre des assassinats politiques, comme celui de John F. Kennedy, hante encore les mémoires, les autorités ont mis en place des mesures renforcées de sécurité pour la convention démocrate. Entre 3000 et 5000 policiers ont été mobilisés pour patrouiller les rues de Denver. Cela veut dire au moins que les Américains ne tergiversent pas avec la sécurité. Et les faits, tels qu'ils se présentent à ce stade, leur donnent amplement raison, avec ces arrestations et les premiers aveux obtenus par la police.