Le bureau ovale, il n'en rêvait pas seulement, mais il le voulait à l'âge où ses pairs réfléchissaient à l'idée de fonder un foyer. A 33 ans, ce diplômé de l'université de Columbia et de la faculté de droit de Harvard confiait ainsi ses ambitions à son futur beau-frère en ces termes : « Le Sénat et peut-être même la présidence… » Un an plus tard, Barack Obama rédigera sa première autobiographie : Les Rêves de mon père. Ego hypertrophié, surdimensionné ? Non, plutôt un premier jalon d'un long chemin qui le mènera vers la Maison-Blanche. Obama est né en 1963 à Honolulu d'un père noir originaire du Kenya et d'une mère blanche du Kensas. C'était l'époque où les mariages interraciaux étaient encore interdits dans bon nombre des Etats du Sud avant que cette disposition soit abrogée par la Cour suprême en 1967. Brillant avocat, Barack Obama renonce à une carrière dans la finance qui aurait pu le rendre riche, très riche, pour s'occuper des causes sociales dans un ghetto de Chicago. Son entrée en politique, il la doit à Michelle Robinson-Obama, son épouse, une avocate renommée, figure influente du Parti démocrate local et proche du maire de Chicago, Richard M. Daley. C'est elle qui lui mettra le pied à l'étrier. Il sera élu trois fois comme sénateur de l'Illinois (1997-2004), cet Etat du Middle West où un certain Abraham Lincoln était représentant de la Chambre durant quatre mandats. Alors qu'Hillary Clinton était archi-favorite pour l'investiture du parti démocrate, Barack Obama se jette quand même dans le bain. C'est le 22 octobre 2002 que Barack Obama fera parler de lui à l'échelle nationale en s'opposant à la guerre lancée en Irak par l'Administration Bush. « Je ne suis pas quelqu'un qui s'oppose à la guerre en toutes circonstances. Je suis opposé à une guerre stupide, non basée sur la raison, mais sur la passion, non sur les principes, mais sur la politique », déclare-t-il. Mais le chemin vers le bureau ovale passant par le Sénat des Etats-Unis, Obama briguera le poste et se fera élire sénateur en novembre 2004. Lorsqu'il prête serment le 5 janvier 2005, il est le seul Noir à siéger dans cette illustre assemblée, le quatrième dans toute l'histoire des Etats-Unis. (Avant lui, il y avait Hiram Revels, Blanche K. Bruce, Edward Brooke et Carol Moseley Braun). Alors que tout le monde donnait Hillary Clinton archi-favorite pour l'investiture du parti démocrate pour l'élection présidentielle de 2008, Barack Obama décide de jouer les trublions. Sa candidature annoncée, il sillonnera le pays en martelant un slogan « Yes, we can change », devenu désormais aussi célèbre que le « I have a dream », de Luther King. Jusqu'au bout, Barack Obama aura multiplié les gestes, les signes et les symboles en hommage à son idole, son modèle, Abraham Lincoln, ce Président qui a eu le courage d'abolir l'esclavage au risque d'avoir provoqué une guerre civile effroyable, la guerre de Sécession, qui a fait des millions de morts entre Sudistes et Nordistes. Candidat au poste de sénateur de l'Illinois, le sénateur Obama entame sa campagne électorale en 2004 à partir de la ville de Springfield, dans l'Etat de l'Illinois, là où Lincoln a vécu avant d'y être enterré. Trois jours avant son investiture, Obama s'est encore fondu d'un autre geste en hommage à son idole. Pour se rendre dans la capitale fédérale, le nouveau président a pris le train à partir de la Philadelphie – ancienne capitale des Etats-Unis –, empruntant ainsi le même parcours que son prédécesseur avait accompli un siècle et demi plus tôt. Last but not least, Obama a prêté serment sur la même bible sur laquelle Abraham Lincoln avait posé sa main avant d'être investi président des Etats-Unis en 1861.