L'ancienne porte-parole du procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, Florence Hartmann, devra comparaître pour outrage à la cour pour avoir divulgué des informations confidentielles sur le procès de Slobodan Milosevic, a annoncé le TPI. « Florence Hartmann est accusée d'avoir publié des textes, en 2007 et 2008, dévoilant des informations relatives à des décisions confidentielles de la chambre d'appel dans le procès Milosevic », l'ancien président yougoslave décédé en mars 2006 avant la fin de son procès, précise le TPI dans un communiqué. La chambre « ordonne de poursuivre Florence Hartmann pour avoir, en connaissance de cause, dévoilé des informations, sachant qu'elle violait un ordre de la chambre », ajoute le TPI, qui retient deux charges contre elle. Mme Hartmann, qui n'était pas joignable mercredi après-midi pour commenter les accusations portées contre elle, est appelée à comparaître une première fois devant le TPI le 15 septembre. Elle « savait que l'information était confidentielle quand elle l'a dévoilée », que les décisions qui en découlaient devaient être traitées de manière confidentielle et que « par ses révélations, elle livrait des informations confidentielles au public », a expliqué le TPI. Ancienne journaliste du Monde ayant couvert les guerres dans les Balkans dans les années 1990, la Française était la conseillère pour les Balkans et porte-parole de l'ancien procureur du TPI, Carla Del Ponte, de 2000 à 2006. Après avoir quitté le Tribunal, elle a publié en 2007 un livre intitulé Paix et châtiment, les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales. Elle a également écrit plusieurs articles sur le TPI, notamment pour l'hebdomadaire français Paris-Match. Trois pages du livre de Mme Hartmann dévoilent des informations sur des décisions de la chambre d'appel du 20 septembre 2005 et du 6 avril 2006, incluant le contenu et l'effet visé par ces décisions, ainsi qu'une référence spécifique sur la nature confidentielle de ces décisions, selon l'ordre émis par le TPI. Etant donné que Florence Hartmann a fait partie du bureau du procureur, ce sera un avocat désigné par les juges, un « amicus curiae » et non un de ses anciens collègues, qui mènera l'accusation. Selon les statuts du TPI, l'outrage à la Cour peut être sanctionné de sept ans de prison et/ou d'une amende de 100 000 euros. Mme Hartmann est également l'auteur d'un portrait de Slobodan Milosevic intitulé Milosevic, la diagonale du fou, publié en 1999 et réédité en 2002.