L'ancien président de l'ex-Yougoslavie, Slobodan Milosevic, mort samedi, a coupé l'herbe sous les pieds à ses juges. Mort naturelle? -le procès qui lui est intenté a été reporté plusieurs fois pour raison de santé de l'ancien président de l'ex-Yougoslavie-, suicide ou l'a-t-on ''aidé'' à mourir? Slobodan Milosevic, retrouvé mort samedi dans sa cellule du centre de détention des Nations unies à La Haye, «n'avait pas l'intention de mettre fin à ses jours» a indiqué l'un de ses avocats sur la chaîne britannique BBC World. «Il y a quelques semaines, il m'a dit qu'il n'avait pas l'intention de mettre fin à ses jours, il travaillait ardemment à sa défense et était déterminé (...) à se battre pour son procès», a déclaré l'un de ses avocats commis d'office Steven Kay. Mais, d'ores et déjà le décès soudain de l'ancien homme fort de l'ex-Yougoslavie pose problème et les autorités serbes se sont empressées samedi d'exiger une autopsie, qui sera annonce-t-on hier, pratiquée par des médecins venus de Belgrade qui auront à déterminer les causes exactes de la mort de Milosevic. De fait, lors de la dernière audience du 1er mars, l'illustre accusé semblait en bonne forme même si la cour a allégé les audiences, ne siégeant que trois demi-journées par semaine, dans le but de permettre à Milosevic, dont la santé était fragile, de pouvoir récupérer. Pour cette raison l'ex-dictateur était soumis à de fréquents examens médicaux, chaque fois qu'il se plaignait d'avoir un malaise ; le dernier examen en date a eu lieu le 23 février, sans que, toutefois, le résultat en soit rendu public. De fait, depuis le mois de février, le procès de Slobodan Milosevic était entré dans sa cinquième année, cette longueur inusitée est due aux multiples interruptions d'audiences qu'avait nécessité la santé défaillante de l'accusé. Notons que l'ancien président assurait lui-même sa défense depuis qu'il s'est séparé de ses avocats avec lesquels il n'était pas d'accord sur la manière dont ils conduisaient sa défense. La mort subite du célèbre accusé de La Haye, tout en étonnant, aura surtout frustré les membres du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI) qui ne s'attendaient sans doute pas à cette fin prématurée, en forme de queue de poisson, du procès de l'ancien président de l'ex-Yougoslavie. La plus déçue est encore la procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, Carla Del Ponte, qui a indiqué « regretter profondément » la mort de Slobodan Milosevic sur la chaîne britannique BBC World. «Je regrette profondément ce qui est arrivé (...) car nous approchions de la fin de son procès, qui était prévue au début de l'été». «Je trouve cela regrettable pour tous les témoins, tous les survivants et toutes les victimes qui attendaient justice», a déclaré Mme Del Ponte. La procureur du TPI ajoute «Nous attendons le résultat de l'autopsie pour connaître la cause de la mort. Nous y verrons plus clair dans les jours à venir». En tirant sa révérence, Slobodan Milosevic va laisser de nombreux points des évènements des Balkans non élucidés comme le soulignent experts et défenseurs des droits de l'Homme. Ainsi, pour les experts et analystes internationaux, la mort de Slobodan Milosevic laissera sans réponse les tenants et aboutissants des évènements qui ont marqué l'ex-Yougoslavie au début des années 1990 et la guerre des Balkans qui s'en est suivie. Janet Anderson, de l'Institute of War and Peace Reporting (Iwpr) estimait que «Sans le procès Milosevic, cette cour a perdu la possibilité de trouver une réponse à la question : qui est responsable de ce qui s'est passé dans les Balkans» «Ce procès était extrêmement important parce qu'il recouvrait tout (...) et aurait donné un commentaire juridique sur toute la période dans les Balkans» ajoutait de son côté Ana Uzelac. qui couvre les audiences du TPI pour l'organisation Impunity Watch. Dès l'annonce du décès de l'ancien président yougoslave, les supputations n'ont pas cessé et chacun avait une explication ou une analyse à donner. Mais tout cela reste hypothétique tant que l'autopsie n'aura pas déterminé la cause de la mort du célèbre prévenu du centre de détention des Nations unies à La Haye. Ainsi, selon, Zdenko Tomanovic, conseiller de Milosevic, ce dernier lui aurait dit qu'«(...) on avait tenté de l'empoisonner». Et M.Tomanovic d'indiquer «Après avoir consulté la famille de Milosevic, j'ai insisté officiellement pour que l'autopsie ne soit pas conduite à La Haye mais à Moscou» ajoutant «J'insiste sur cette requête. J'ai aussi informé l'ambassade de Russie de cette demande». Mort naturelle, suicide ou empoisonnement? Allons nous, a contrario, vers une nouvelle affaire Milosevic? Slobodan Milosevic a-t-il eu accès à tous les besoins que nécessitaient son état de santé? L'a-t-on «aidé» à partir? Beaucoup de questionnements, peu de réponses au vu de ce qui a gravité autour de l'ancien président de l'ex-Yougoslavie.