Dans la nuit de jeudi à vendredi, un gardien de prison a été assassiné et un émigré kidnappé lors d'une incursion terroriste opérée par un important groupe armé dans un débit de boissons alcoolisées, dans la daïra de Boghni, à une quarantaine de kilomètres au sud du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou. Tizi Ouzou : De notre bureau Selon des sources locales, les activistes armés, dont le nombre avoisine, dit-on, une quarantaine d'individus, a investi, aux environs de 23h, le lieudit Azaghar, sis à mi-chemin entre les communes d'Assi Youcef et de Boghni. Les terroristes se sont, précisent encore nos sources, scindés en plusieurs groupes avant qu'une dizaine d'éléments vêtus de tenues de la police (BMPJ) ne fassent irruption à l'intérieur du bar en question. Ils ont procédé, dans un premier temps, à la vérification de l'identité des consommateurs qui ont été ensuite rackettés et délestés de leur argent et autres objets de valeur. Croyant sans doute avoir affaire à des éléments des forces de sécurité, un gardien de prison aurait décliné sa profession aux assaillants. Ces derniers l'ont alors conduit à sa voiture, une Peugeot 206, où ils ont trouvé sa carte professionnelle. Puis ils l'ont froidement égorgé et ont jeté son corps dans les buissons, non loin du débit de boissons ciblé. Le véhicule du gardien pénitencier a été également incendié par les terroristes qui ont pris en otage, pendant plus d'une heure les consommateurs. Le gardien de prison tué, B. Saïd, exerçant à la maison d'arrêt de Serkadji, à Alger, était âgé de 32 ans et était originaire de la commune d'Assi Youcef. Son corps a été découvert, hier matin, puis transporté à la morgue de l'hôpital de la ville de Boghni. Rappelons, par ailleurs, qu'en décembre 2005, un autre gardien à la prison de Tizi Ouzou, Mohamed Saïd, originaire de Makouda, a été exécuté presque dans les mêmes circonstances dans la commune d'Iflissen, à 50 km au nord de Tizi Ouzou. Il avait été kidnappé à l'intérieur d'un motel en compagnie du patron de l'établissement. Ce dernier sera libéré quelques jours plus tard. Notons aussi qu'à l'issue de leur descente nocturne à Boghni, les éléments du GSPC ont enlevé un jeune émigré, natif de la région, qui n'a pas donné signé de vie jusqu'à hier en fin d'après-midi. On ignore également si les ravisseurs ont pris ou pas attache avec la famille de l'otage pour une éventuelle demande de rançon contre sa libération, comme cela a été d'ailleurs le cas pour les précédents kidnappings perpétrés en Kabylie. Il s'agit là, en effet, du 30e rapt enregistré ces deux dernières années dans la région ; le dernier en date remonte au 23 août 2008. Un commerçant a été enlevé dans un guet-apens qui lui a été tendu par des éléments armés à l'entrée de la localité de Tirmitine, à 15 km au sud de la ville des Genêts. Il a été libéré après quelques heures de captivité, contre le versement de 400 millions de centimes aux ravisseurs. Ces derniers jours, la Kabylie est en proie à une recrudescence des actes terroristes. Outre l'attentat kamikaze qui a ciblé, au début du mois en cours, un commissariat de la sûreté urbaine au centre-ville de Tizi Ouzou, faisant 25 blessés et d'importants dégâts matériels, deux bombes de fabrication artisanale ont explosé, à la mi-août, au passage d'une patrouille de la gendarmerie à la plage de Tassalast, à Tigzirt. Bilan : 3 gendarmes blessés. Dans la même journée, 3 engins explosifs ont été désamorcés, au lieudit Hagga, sur la RN72 reliant ladite ville côtière à celle de Tizi Ouzou. Quelques jours auparavant, un militaire de la marine nationale avait échappé à un faux barrage dressé par un groupe armé à l'entrée de Aïn El Hammam, en Haute Kabylie. Aussi, à Sidi Naâmane, des « extracteurs » de sable ont été rackettés lors d'une descente terroriste près de l'oued Sebaou, il y a quelques semaines. Les forces de sécurité se redéploient, à la veille du mois de Ramadhan, dans la région. Les soldats de l'ANP sont en opération, ces jours-ci, dans la forêt de Ouaguenoun où plusieurs camions militaires ont été dépêchés sur les lieux. On parle même, d'ailleurs, de plus de 1500 militaires déployés pour passer au peigne fin les maquis du GSPC dans la wilaya de Tizi Ouzou.