Sovac vient de conclure un accord avec la marque Seat, qui sera au rendez-vous avec le public lors du prochain Salon de l?automobile, en mars 2006. C?est la primeur que nous a accordée Mourad Oulmi, le jeune patron de Sovac, lors de cet entretien. Ceci confère à ce concessionnaire le statut de distributeur multimarques. InfoSoir : Avec le volume que vous êtes en train de réaliser, Sovac prend de l'ampleur, particulièrement avec Volkswagen. Quelle est votre appréciation ? ll M. Oulmi : Il est vrai que nous avons procédé au lancement de plusieurs modèles avec la Polo Classic, la Golf Plus, le Caddy Plus, le Multivan et, plus récemment, la nouvelle Polo et dans quelques jours la nouvelle Passat, en attendant la nouvelle Bora. Ce renouvellement de la gamme Volkswagen, entamé en 2004, nous permet de dire que nous sommes passés à la seconde phase du développement de notre société. Ce développement s'articule autour de trois principaux points. D'abord, la disponibilité des produits avec une offre qui tourne autour de vingt modèles, tous segments confondus, et en intégrant la marque Audi. Cette richesse de l'offre est nécessaire pour répondre à tous les besoins. Ensuite, nous nous sommes attelés à constituer un réseau de dix agents, bien répartis à travers le territoire national, pour prendre en charge les problèmes de nos clients. Ce réseau, même s'il demeure modeste en nombre, est d'une grande qualité. Il travaille selon les normes Volkswagen. Nous comptons l'élargir, mais pas à n'importe quel prix. Si certaines marques installées récemment disposent de 20, 30, voire 40 enseignes, nous, nous préférons avancer selon un cahier des charges qui respecte les valeurs de nos marques. C'est pour cela que nous prenons le temps de choisir nos partenaires. Le troisième point est notre évolution sur le marché. Comme vous le savez, l'année dernière nous avons introduit 2 500 véhicules. Cette année, nous essayerons d'atteindre 7 500 à 8 000 véhicules, ce qui veut dire que nous comptons progresser de 300%. Vous le voyez, nos ambitions sont grandes, à l'image de celles du constructeur qui ne cesse de déployer des efforts en termes d'innovation technologique et autres. Le renouvellement de la gamme Volkswagen entre dans le cadre du maintien du leadership de la marque en Europe. Chez nous, il est le début d'un redéploiement qui nous mènera à une place enviable. A quel niveau voyez-vous Volkswagen ? ll Nous connaissons très bien le potentiel de la marque Volkswagen, aussi bien que celui de notre entreprise et, croyez-moi, Volkswagen est loin d'avoir accompli sa progression. Cette seconde phase de notre développement, qui est à ses débuts, va nous permettre d'être plus présents sur plusieurs fronts, notamment médiatique. Le lancement de plusieurs nouveautés et l'organisation de différents événements nous donneront la possibilité d'atteindre un palier supérieur. Nous savons très bien que notre progression, en termes de parts de marché, nous propulsera aux premières places. Aujourd'hui, nous tablons sur 7 000 ou 8 000 ventes en 2005 ; d'ici à quelques années, nous atteindrons 10 000, voire 15 000 ventes et nous ne sommes pas près de nous arrêter. Cette progression réalisée entre 2004 et 2005 n'implique-t-elle pas plus de moyens, particulièrement en après-vente ? ll Effectivement, cela est tout à fait logique. Eh bien, sachez que nous venons d'acquérir un nouveau site de pièces de rechange à Oued Smar. Son inauguration est prévue pour le mois prochain. En parallèle, nous agrandirons bientôt notre atelier d'El-Achour. Mais le plus important, en termes d'infrastructures, est notre site sur l'autoroute de Zéralda qui nous permettra, dans deux à trois ans, une fois achevé, de mettre en ?uvre le véritable label du groupe Volkswagen. Autre aspect qui implique la progression du volume : le développement du réseau. Comme je vous l'ai dit, nous tablons sur la qualité et non sur la quantité. Cette exigence de qualité demande du temps, nous nous y consacrons sérieusement. A quand la représentation des autres marques du groupe ? ll Sincèrement, je ne voulais pas en parler, mais comme vous abordez ce sujet, je vous annonce que nous allons représenter Seat dès l'année prochaine. Le contrat a déjà été signé et nous introduirons cette marque à l'occasion du prochain Salon de l'automobile. Seat viendra enrichir notre offre et la complétera de manière homogène afin que chacun de nos clients trouve la voiture qui lui correspond. Justement, la richesse dont vous parlez ne risque-t-elle pas de créer l'effet inverse à celui souhaité, surtout en après-vente ? ll Non, non pas du tout ! Pour la simple raison que les motorisations qui équipent les modèles Volkswagen sont les mêmes sur Audi et sur Seat. Comme vous l'avez dit vous-même, les constructeurs tablent sur des plateformes communes et des modules communs. C'est justement cet aspect qui nous permet de représenter les trois marques : Volkswagen, Audi et Seat. Ce sont certes trois logos différents, avec des cultures différentes, mais il y a un réel partage de plusieurs composants. Notre démarche est complètement différente de certains concessionnaires qui représentent aussi plusieurs marques : des turques, des chinoises, des européennes et j'en passe. Ces concessionnaires multiplient les difficultés par le nombre de marques qu'ils représentent. Pour notre part, nous prenons en charge la même technologie déployée sur trois marques. Sur le plan commercial, nous séparons ces entités comme nous l'avons fait avec Volkswagen et Audi, qui disposent de show-rooms à part et de commerciaux qui leur sont dédiés ; nous le ferons aussi pour Seat. Quel est votre sentiment par rapport à la croissance du marché ? ll Pour moi, la croissance que connaît notre marché est tout à fait normale, les besoins en mobilité sont encore loin d'être satisfaits. Mieux encore, je dirai que si nous considérons que nous sommes 30 millions d'habitants, le volume actuel représente quelque 0.4% de la population. Ce taux est donc très faible comparativement à d'autres pays qui enregistrent des taux autrement plus élevés. Sur la même base, si le volume atteint 1% de la population, cela représenterait 300 000 véhicules. Nous avons donc une marge de progression très importante. Mais il faut aussi avoir à l?esprit que le marché est encore immature, les progrès en volume seront à la mesure des potentialités du marché le jour ou tout l?environnement sera assaini. Il s?agit, en premier lieu, de nous, les concessionnaires, qui devons mettre à niveau nos prestations ; le second aspect est lié au crédit à la consommation qui n?est pas encore bien ancré dans la mentalité des citoyens dont beaucoup hésitent encore à contracter des crédits. Ces derniers, il faut le dire, restent chers. Mais n?oublions pas que tout cela évolue vite, il n?y a pas si longtemps, l?offre véhicule était inexistante chez nous, tout comme le crédit à la consommation. Nous sommes donc dans une phase de transition et d?apprentissage et le marché nous montre bien la voie à suivre puisqu?il évolue certainement plus rapidement que nous. Que pensez-vous de la suppression prochaine des importations de véhicules de moins de trois ans ? Envisagez-vous de faire la reprise ? ll Pas pour l'instant, pour plusieurs raisons. La première est que la reprise est un métier à part entière et demande de lourds investissements. La seconde, c'est que la législation n'est pas adaptée. La troisième, c'est que les banques ne sont pas à niveau. Enfin, j'ajoute que le marché n'est pas assez mûr. Cela me fait dire que la reprise est aujourd'hui impossible à mettre en ?uvre. Cela dit, je suis très content que cette mesure soit enfin prise car elle va certainement dégager un volume supplémentaire pour toutes les marques.