Les couleurs algériennes portées avec délectation par la chanteuse Kenza pourraient bien devenir le must de cette rentrée 2008. Son tee-shirt fait florès, se transformant en phénomène commercial tant les commentaires de ses fans dénotent un véritable engouement pour la chanteuse. Kenza, Marseillaise d'origine algérienne, devra-t-elle être appelée Kenza El djazaïria ? Elle sort prochainement son deuxième album. Depuis quelques semaines, un clip est diffusé sur les réseaux internet et, depuis peu, à la télévision. On y voit la jeune femme arborer un splendide tee-shirt représentant un artistique drapeau algérien qu'elle porte fièrement. Au cœur de la rue, titre phare du nouvel opus de la chanteuse, a été tourné à Marseille, dans les quartiers nord. Un fort bel hommage aux lieux qui l'ont vu grandir, avec une nouvelle fois, comme dans d'autres clips précédemment, l'apparition de membres de sa famille, dont sa maman. Beaucoup pousseront des cris d'épouvante devant cette « communautarisation » assumée de la chanson. Ils auront tort. Au contraire, la chanson est une plainte et un espoir de reconnaissance : « Réunis sous les mêmes couleurs / Tous les mêmes comme un battement de cœur / Elle rassemble la variété et le rap, le hip hop et le classique et en fait des frères et sœurs / A tous les amoureux de l'art perdus au nom de la rue / A tous ceux dont le nom repose sur les murs de ma rue. A ceux qui dansent, vivent, chantent qui donnent vie à la rue / Levons nos voix, que l'on nous entende, nous sommes les voix de la rue. » Elle fait aussi œuvre de documentariste, témoignant habilement des événements qui ont ensanglanté les banlieues ces dernières années : « Pour mes frères, une pensée à ceux qui tombent au nom de la rue, une pensée à ceux qui vivent, meurent dans nos rues. Certains craignent l'Etat, la police et leurs abus, mes frères à moi craignent les lois mais ce sont les lois de la rue. Y a ceux qui poussent pour trouver le respect de la rue. Y a ceux qui disent que le fric est le sang de la rue. Y a ceux qui savent que le rap, que le hip hop, le blues, le jazz, la new soul, le r'n'b tout ça est sorti de la rue. A tous les enfants qui s'amusent sur les trottoirs de ma rue, à ceux qui vivent balle au pied sur le terrain ou la rue. A tous les grands frères enfermés au nom du code de la rue. Respect aux anciens de nos villes plongés au cœur. » Dans un entretien promotionnel, enregistré au moment du tournage, Kenza déclare : « Je suis Marseillaise. J'ai grandi certes mais je n'ai pas changé pour autant, cet album c'est une suite, ça reste romantique et assez autobiographique. » Elle avoue y refléter son « univers » au quotidien et son « environnement ». Parmi les projets de Kenza, une tournée qui pourrait la conduire au pays des ancêtres qu'elle magnifie en en revendiquant haut et fort et sans complexe les couleurs.