La forte inflation sans croissance, communément appelée par les économistes « stagflation », touche de plus en plus de pays d'Europe mais reste plus préoccupante aux Etats-Unis et dans les pays émergents. Après avoir doublé entre l'automne 2007 et le mois de juillet où elle a culminé à 4%, la hausse des prix a ralenti en août dans la zone euro à 3,8% grâce au reflux des prix du pétrole qui ont chuté de 20% en un mois et demi. La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a parlé cette semaine de « retournement de tendance », un avis que partagent beaucoup d'économistes. Selon un expert de la banque UBS, l'inflation en Europe, dont le pic a été atteint en juillet dernier, est purement liée au pétrole et à l'alimentation. Un autre spécialiste de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) pense que l'Europe a une inflation forte mais pas de tensions sur le marché du travail ou l'appareil de production, excluant ainsi toute spirale inflationniste : « On peut donc s'attendre à retomber à 3% d'ici la fin de l'année et à 2% d'ici un an ou 18 mois », précise l'expert. Si l'agence de notation Standard and Poor's craint une stagflation en Europe, des économistes n'y croient pas, en ce sens que la stagflation a touché l'Europe dans les années 1970 quand l'inflation dépassait 10%. Aujourd'hui, « les salaires réagissent de manière modérée avec une perte de pouvoir d'achat pour les ménages, comme en témoignent les chiffres catastrophiques sur la consommation », soulignent ces économistes. Avec des prix du pétrole qui ont presque quintuplé en 5 ans, « le choc pétrolier d'aujourd'hui est incomparablement plus violent que celui des années 1970, mais le choc inflationniste incomparablement plus faible », ajoutent-ils. Aux Etats-Unis, l'inflation reste plus persistante à un taux de 5,6% en juillet dernier, au plus haut depuis 1991. La croissance se montre toutefois plus résistante que prévu au deuxième semestre, à plus de 3% sur un an. Cependant, des économistes pensent que le risque inflationniste est bien réel aux Etats-Unis avec un taux de chômage qui progresse. Ils s'attendent à ce qu'« après le sursaut de croissance du deuxième semestre, l'Amérique entre en récession avec un taux de chômage en hausse à 6% ». Les analystes affirment également que dans certains pays émergents, « on peut avoir un choc inflationniste plus important, car les salaires réagissent ». La hausse des prix en Inde a ainsi dépassé 12% sur un an pour la première fois en 13 ans, déclenchant des manifestations. Mais en Chine, l'indice des prix à la consommation a décéléré pour le troisième mois consécutif à 6,3% en juillet et les analystes tablent sur une poursuite de cette tendance.