Le ralentissement économique enregistré ces derniers mois devrait "se généraliser" avertit l'OCDE hier, qui abaisse ses prévisions pour de nombreux pays et table sur une croissance "faible" cette année pour l'ensemble de ses membres. Le ralentissement "devrait se généraliser à presque toute la zone", notamment à cause du marasme immobilier et de la flambée des matières premières, note l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques. L'Organisation estime que le gros de la crise financière est probablement passé, mais que ses conséquences "se feront ressentir pendant encore longtemps" et que "de nouvelles perturbations ne peuvent être exclues". Elle revoit en baisse la croissance attendue pour les Etats-Unis en 2008 à 1,2% contre 1,4% lors des prévisions intérimaires de mars et contre 2% lors de celles de décembre. Pour 2009, l'OCDE table désormais sur 1,1% de croissance, moitié moins qu'en décembre. Les Etats-Unis, pays le plus touché par le ralentissement jusqu'à présent, pourraient enregistrer une croissance "négative au deuxième trimestre" en raison d'un marché immobilier toujours en pleine crise, d'une forte inflation, de prix élevés de l'essence qui pèsent sur la consommation des ménages, et d'une baisse de l'investissement. Dans la zone euro, la prévision est abaissée à 1,7% pour 2008 contre 1,9% en mars, et à 1,4% en 2009 contre 2% lors des prévisions de décembre. La zone euro a mieux résisté et a même enregistré une croissance de 3% en rythme annualisé au premier trimestre, grâce à une performance meilleure que prévue en Allemagne et en France. Mais cette embellie pourrait être de courte durée: la consommation reste morose, l'inflation élevée, et "de plus en plus de signes montrent que l'appréciation de l'euro -10% en termes réels depuis le début 2006- plombe les exportations".Dans ce contexte, la politique de relance devrait être poursuivie aux Etats-Unis jusqu'à ce qu'à ce que la reprise soit engagée, mais la zone euro n'a pas besoin d'une telle politique. L'OCDE relève sa prévision pour le Japon à 1,7% contre 1,5% précédemment pour cette année, mais abaisse celle relative à l'an prochain à 1,5% contre 1,8%. Un rebond de la construction de logements et des exportations toujours dynamiques ont entraîné un sursaut de la croissance nippone au premier trimestre, mais l'investissement des entreprises recule tout comme le moral des ménages, et l'OCDE s'attend à un "nouvel affaiblissement" de l'économie japonaise à court terme. Les pays touchés par l'éclatement de bulles immobilières, comme l'Espagne et l'Irlande, la Grande-Bretagne, où les dépenses des ménages souffrent de la crise des marchés hypothécaires, et l'Italie, dont l'économie est déjà très affaiblie, sont particulièrement vulnérables au ralentissement de l'économie dans les pays industrialisés. Les pays dont l'économie dépend beaucoup des Etats-Unis font aussi partie des plus fragilisés, à l'instar du Mexique et du Canada. L'inflation reste l'un des principaux dangers qui guette l'économie mondiale. L'OCDE s'attend à ce que les prix du pétrole restent élevés en raison de la vigueur de la demande des pays émergents et "peut-être aussi d'éléments spéculatifs". Pour les autres matières premières, l'OCDE table sur un repli mais des prix restant très au-dessus de leurs moyennes historiques. Elle enjoint par ailleurs les banques à se recapitaliser plutôt qu'à réduire leurs prêts, cette dernière solution pouvant "avoir des effets secondaires négatifs dans d'autres secteurs de l'économie et aggraver au final leur propre situation". Certaines économies hors OCDE vont également ralentir mais globalement l'économie des géants émergents (Inde, Chine, Russie) devrait rester robuste, juge l'OCDE.