Après avoir été le bastion et le centre de gravité des artistes et des passionnés du septième art, la ville de Bordj Menaïel est devenue un immense désert culturel. L'époque où le théâtre et le cinéma faisaient partie de la vie quotidienne de la population n'est qu'un lointain souvenir. Depuis quelque temps, les activités artistiques se résument dans la plupart des cas aux disc-jockeys et aux festivités nuptiales, qui, selon la majorité des citoyens, faisaient autant de bruit que de bonheur. Plusieurs artistes de talent qui ont fait la renommée de cette ville, notamment dans le domaine du septième, art vivent dans l'anonymat. En dépit de l'existence de trois salles de cinéma et d'un important centre culturel, les citoyens de cette localité se plaignent du manque, voire de l'inexistence de lieux susceptibles d'alléger le marasme et la monotonie qui caractérise leur vécu. Mis à part la maison de jeunes, devenue le seul lieu de refuge pour les jeunes et moins jeunes ayant éprouvé un certain attachement à tout ce qui est artistique, aucun autre espace de divertissement n'est ouvert. La salle de cinéma, El Djamal, est fermée depuis « des lustres » et personne n'a jugé utile de la rouvrir pour ressusciter les journées théâtrales qu'elle abritait il y a plus de vingt ans. Après la mort de son propriétaire, les responsables de la culture au niveau de la wilaya n'ont établi aucun contact avec les héritiers pour son éventuelle ouverture. Autre espace, la salle Royale, qui fut l'une des plus importantes de toute la région, est livrée à elle-même. Ceux qui s'en souviennent disent que même Kateb Yacine y avait présenté une pièce de théâtre, L'homme aux sandales en caoutchouc. Son propriétaire l'avait mise aux enchères mais aucun client ne s'est manifesté et son état ne cesse de se dégrader, au grand dam de la famille artistique. Par ailleurs, la salle Sinjab dont la gestion est assurée par la troupe théâtrale « Sinjab » est loin de répondre aux attentes du public. La production théâtrale et le nombre de pièces présentées depuis le début de l'année restent largement en deçà des attentes des Bordjis.