L'Algérie n'a pas tardé à réagir à la désormais « affaire » de la tombe de l'Emir Abdelkader en Syrie. Le ministère des Affaires étrangères a saisi en début de semaine les autorités syriennes par le biais de l'ambassade d'Algérie à Damas, a-t-on appris de source sûre. L'ambassadeur d'Algérie en Syrie, Salah Boucha, a pris attache avec le ministère syrien des Affaires étrangères ainsi que le ministère des Wakfs. « Le contact était très bénéfique et les responsables syriens se sont montrés très sensibles à cette affaire », souligne la même source, selon laquelle les autorités syriennes auraient promis d'intervenir pour corriger cette « erreur » en consacrant une tombe à l'imam Mohamad Tah Soukar, juste à côté de celle de l'Emir. On a appris également que la famille du défunt Mohamad Tah Soukar a contacté plusieurs membres de la famille de l'Emir, dont sa petite-fille Amira Badia, pour les informer de leur volonté de trouver un terrain d'entente. De leur côté, les descendants de l'Emir ont bien affiché leur compassion avec la famille et les proches du défunt imam Mohamad Tah Sukar. Ils ont tenu à dissiper tout malentendu sur leur position par rapport à l'affaire. Contacté hier par téléphone, Jala Al Gassani Al Jazaïri, qui représente la sixième génération de l'Emir, a précisé que « l'imam Mohamad Tah Soukar est un haut dignitaire que nous respectons énormément » et que « la famille de l'Emir ne conteste pas le fait qu'il soit enterré dans la mosquée Cheikh Mohieddine ». « Cheikh Mohieddine mérite d'avoir sa propre tombe » Au contraire, elle veut qu'il ait sa propre tombe. « Ce grand homme mérite d'avoir sa propre tombe à titre de remerciements à toute une vie consacrée aux mêmes principes auxquels s'attachaient le Cheikh Mohieddine et l'Emir », a-t-il ajouté, affirmant que « la mosquée est un endroit de recueillement et de mémoire, symbole de la foi musulmane, de tolérance et de la fierté nationale ». Décédé le 13 août dernier, l'imam Mohamed Tah Soukar a été enterré dans la tombe de l'Emir Abdelkader, tel était son vœu. Les autorités locales n'ont cependant pas demandé l'autorisation de la famille de l'Emir, qui s'est dite consternée par ce qui s'est produit à son insu. Toujours attachés au caveau de leur arrière-grand-père, les descendants de l'Emir Abdelkader ont lancé un appel aux autorités compétentes, leur demandant de reconsidérer la décision et de « libérer » la tombe de cette figure historique algérienne, qui était vide depuis le transfert de sa dépouille au cimetière d'El Alia à Alger en 1966. Né en 1808 à Mascara, l'Emir Abdelkader a été contraint de s'installer en Syrie en 1855, après avoir été libéré par Napoléon III en octobre 1852 et séjourné quelques années en Turquie. L'Emir Abdelkader était un personnage éminent et charismatique, inscrit au panthéon de l'histoire de l'Algérie contemporaine. En sauvant des milliers de maronites lors des émeutes antichrétiennes de Damas en 1860, l'Emir Abdelkader acquit une notoriété mondiale. Il décéda en 1883 à l'âge de 75 ans et fut enterré à Damas.