Les Damascènes sont choqués et consternés par les derniers attentats terroristes qui ont secoué l'Algérie. « Ce qui se passe en Algérie est inacceptable à tout point de vue. Rien ne peut justifier de tels massacres, ni la religion ni un quelconque autre motif », lâche Nassereddine, la trentaine, serveur dans une cafétéria au centre de Damas, qui s'apprête à servir une tasse de thé à un client. Damas (Syrie) : De notre envoyé spécial « Ceux qui organisent ces attentats finiront en enfer, j'en suis sûr », poursuit Nassereddine avant que son client n'intervienne : « J'ai appris le triste bilan ce matin. Les auteurs ne peuvent être que des lâches et des malfrats qui finiront un jour par crever dans un égout ou sous un obus. » A l'intérieur de la cafétéria, l'ambiance est ordinaire. Les clients sirotent tranquillement leur thé ou leur jus. Mais dès qu'on leur demande leur avis sur les attentats en Algérie, ils affichent une mine abattue et un regard éploré. « L'Algérie est un pays frère. Le voir frappé par des terroristes aveugles et assoiffés de sang m'attriste. J'ai ici à Damas des amis algériens qui ont fui le terrorisme des années 1990. Je sais ce qu'ils ressentent et cela me chagrine davantage. J'espère de tout cœur que ces tueries cessent et que le pays retrouve sa stabilité », dit Aamer, un retraité du secteur des travaux publics. Son ami avec lequel il partage une partie de « tawila » (un jeu de dés) ne cache guère son indignation : « S'ils veulent mourir, qu'ils partent au moins combattre l'ennemi aux côtés des Irakiens ou des Palestiniens et qu'ils cessent de s'en prendre aux Algériens. » Aamer, qui affirme être un musulman pratiquant comme beaucoup d'autres Syriens, considère les auteurs de ces attentats comme de « véritables ennemis d'Allah ». « Dieu nous a appelés à la fraternité, à la tolérance, à la solidarité et à l'entraide. Il ne nous a pas appelés à la violence et à la guerre fratricide. Cela n'est que l'œuvre des égarés et dévoyés qu'il faut combattre par tous les moyens », fulmine-t-il. Ce septuagénaire n'est pas le seul à se montrer solidaire avec le peuple algérien. Dans la rue, les gens se disent « consternés » et « outrés » par ce qui arrive « au peuple frère d'Algérie ». Il suffit d'apostropher un passant pour avoir une réaction virulente condamnant les derniers attentats terroristes dont tout le monde ici à Damas est au courant. « Ils ont tort de s'attaquer à ce peuple héroïque qui a payé un lourd tribut pour le recouvrement de son indépendance. La révolution algérienne est une légende pour nous. Nous, nous en sommes fiers. Et ces criminels finiront un jour ou un autre par payer pour tout ce qu'ils ont fait endurer aux Algériens. Et nous leur disons, nous sommes avec le peuple algérien et nous le soutenons aujourd'hui et demain », clame Aboumazine, employé dans un établissement financier. Les Damascènes dégagent le même sentiment de compassion et de solidarité avec l'Algérie. Le gouvernement syrien, de son côté, a réagi contre les attaques terroristes qui ont ciblé mardi l'école de la Gendarmerie nationale des Issers, à Boumerdès. Une source officielle du ministère syrien des Affaires étrangères a fermement condamné l'attaque, présenté ses condoléances aux familles des victimes et assuré de la solidarité de l'Etat syrien avec l'Algérie. « La Syrie se solidarise avec l'Algérie pays frère et se met à ses côtés pour la soutenir dans sa lutte contre ces attaques criminelles qui visent à semer l'insécurité et à frapper la stabilité du pays », a déclaré mardi une source officielle anonymement à l'agence officielle syrienne Sana. Au-delà de cette réaction, la presse syrienne a peu parlé des attentats. Les journaux se sont contentés de rapporter l'information et la réaction du gouvernement syrien. Sans émettre le moindre commentaire.