« Pour le moment, il n'y a absolument aucun problème. On est en paix », déclare d'entrée le président de l'APC de Yakouren, Tahar Issadei (FLN) en réponse à notre question sur la situation dans la région, avant d'ajouter : « La situation sécuritaire dure depuis un bon moment. Les gens sont habitués, que ce soit à Yakouren ou ailleurs. » Pour lui, les événements de l'an dernier et tout le tintamarre qui a suivi ont souffert d'une « exagération médiatique » qui a porté préjudice à leur ville « tant sur le plan économique que touristique ». Néanmoins, précise le maire, « Yakouren a connu une bonne affluence des vacanciers, des gens originaires de la région essentiellement et qui vivent pour la majorité d'entre eux en Europe et à Alger ». Il veut pour preuve de la relative stabilité sécuritaire de la région l'état du trafic transitant par Yakouren. « Depuis le mois de juin, vous ne pouvez pas traverser la région facilement », indique-t-il. « Il n'y a pas de singularité kabyle dans le domaine de la lutte antiterroriste. La Kabylie, c'est l'Algérie et les problèmes de la Kabylie sont identiques à ceux du reste de l'Algérie », dit pour sa part Mehenna Boudedja, premier adjoint au maire. Les élus admettent toutefois que le relief forestier a sans doute contribué à attirer les desperados du GSPC dont la mobilité est fortement tributaire des caractéristiques géographiques de la région. « La densité de la forêt a favorisé cette situation. C'est comme au temps de la Guerre de Libération nationale où cette région concentrait les troupes de l'ALN à tel point qu'elle était surnommée zone interdite. » Pour autant, il ne faut pas s'alarmer, insiste le président de l'APC. Ce dernier regrette par ailleurs le manque cruel d'infrastructures dans une région à fort potentiel touristique et qui ne compte que l'hôtel Tamgout pour seule structure hôtelière. Interrogé sur le taux de chômage, M.Issadei dira : « C'est la catastrophe. Il y a un manque total d'investissements à Yakouren. La mauvaise publicité faite à notre région nous a valu la fuite des investisseurs potentiels. » Et de souligner : « On peut arriver à lancer l'investissement touristique, mais sans la paix, on ne peut rien faire. Il faut être honnête, sans la sécurité, on ne peut pas attirer les investisseurs. » Citant un proverbe kabyle, il résume : « Ma youlach lahna, ourthetsili yara thawant » (Sans la paix, point de prospérité ).