A l'initiative de l'association culturelle du chant et de la poésie populaires, que préside Cheikh Khaled Mihoubi Ould Ezzine, l'un des rares rescapés du melhoun dans la région de l'Oranie, et grâce à la contribution de la wilaya et de l'APC de Tiaret, une pathétique rencontre s'est tenue dans l'enceinte de la salle « Le Casino » qui a vibré en dépit de l'absence de climatisation aux rythmes de qsayed déclamées de voix de maîtres par Cheikh Amar Bendenia, dit Mokrani de Chlef, et Cheikh Ahmed Relizanais et aussi et surtout, pour la première fois depuis trente ans, d'un trio magique (Beldjouher-Mihoubi-Chalef). Ce triumvirat qui répondait à la sollicitation de la salle où sont venus des notables, a retrempé l'auditoire, plus que jamais nostalgique, dans une ambiance conviviale où la parole se conjuguait à la rime pour laisser échapper de belles mélodies qu'on a cru à jamais éteintes. Une soirée pathétique où l'on a été jusqu'à puiser du riche patrimoine musical d'un genre que ses adeptes se sont fait des apôtres pour fustiger bien sûr ce que Cheikh Khaled Mihoubi appelle « L'invasion ». retrouvailles Au-delà de l'entrain, les retrouvailles sur un ton de communion, à voir venir écouter goulûment les mélopées par les Meslem Hadj Ahmed, Bouakkaz, Meghraoui, Si Mohamed Bouabdelli et bien d'autres, l'on se demandera finalement si l'inquiétude, longuement formulées en marge d'un point de presse à l'Hôtel les Abbassides par les chouyoukhs, ont leur raison d'être. Il est vrai que ce genre de musique, le chant populaire que nos interlocuteurs se refusent de qualifier de chant bédoui, pâtit énormément d'une certaine exclusion et de la marginalisation de ses chouyoukhs, combien même ses adeptes se comptent parmi toutes les couches de la société et même de plusieurs générations et c'est dire sa perpétuité à travers les temps, mais force est de constater que ceux sensés le promouvoir font tout pour lui valoir le discrédit, comme en témoigne la tenue de la rencontre de jeudi dans une salle suffocante. Rencontre tout de même intéressante et finalement réparatrice, venue à point nommé rendre un hommage à titre posthume parfois aux dignes héritiers de la chanson populaire. Et Dieu seul sait combien ils sont ou étaient dans la région. Khaled Ould Ezzine, Beldjouher, Chahlef et leurs hôtes, comme pour lancer un cri de détresse, disent unanimes, espérer qu'à Tiaret, cité millénaire chargée d'arts et d'histoires, l'on n'oublie pas ceux qui font partie intégrante du vaste et riche patrimoine culturel algérien. « Au fait, concluent-ils, à quand le Maoussem de Sidi Khaled ? ».