Goldman Sachs (GS), prestigieuse banque d'investissement américaine, vient de déclasser le titre de Orascom Télécom, propriété de l'homme d'affaires égyptien Naguib Sawiris, d'« acheter » à « neutre ». L'information a été rapportée, vendredi soir, par l'agence de presse britannique Reuters. Ainsi, Goldman Sachs, créée en 1869 et spécialisée dans les finances et les assurances, révise ses recommandations concernant ce groupe de téléphonie mobile évoquant une baisse de son objectif de cours sur l'action d'Orascom qui devrait passer de 100 livres égyptiennes à 65 livres, soit de 45% de moins. Selon la même source, les analystes de GS avancent que le groupe égyptien est en difficulté au Pakistan et en Algérie. Si ces experts de Goldman Sachs expliquent que les difficultés rencontrées au Pakistan sont liées à la conjoncture économique, caractérisée par un ralentissement de l'activité, ils restent en revanche peu prolixes sur la nature des contraintes rencontrées par Orascom en Algérie. Par conséquent, Goldman Sachs considère « peu probable à court terme » une offre de rachat d'Orascom Télécom. Mardi dernier, le groupe égyptien a rendu publics ses comptes. Les responsables d'Orascom Telecom Algérie ont décidé de réduire le niveau d'investissement du groupe en Algérie de plus de la moitié au second trimestre 2008. Disposant d'un portefeuille bien garni, la boîte algérienne de Naguib Sawiris a seulement dépensé au 30 juin 2008 quelque 72 millions de dollars contre 159 millions à la même période de l'année dernière, soit 54,7% de réduction. Sinon, tous les autres voyants chez Djezzy sont au vert, notamment ce chiffre d'affaires de 987,974 millions de dollars, en hausse de 18% par rapport à la même période de 2007 (831, 978 millions). Les responsables de Djezzy n'ont pas donné encore les raisons de ce changement de cap en matière d'investissement en Algérie. Par ailleurs, Goldman Sachs rappelle qu'Orascom Telecom avait annoncé avoir conclu une provision de 30 millions de dollars pour pouvoir couvrir les frais de licence de l'opérateur fixe Lacom. Pour Delilah Heakal, vice-président chargé de la recherche à Pharos Securities, groupe financier égyptien, citée par Reuters, il subsiste encore des problèmes avec les investissements dans le fixe en Algérie. « Le gouvernement a déclaré qu'il prendra une décision avant la fin de 2008, mais OT a déjà inscrit une provision de 30 millions de dollars », dira-t-elle, sans donner plus de détails sur la nature de ces difficultés en Algérie. Toutes nos tentatives d'entrer en contact avec les responsables d'OTA ont été vaines. Il faut dire que depuis l'annonce de la vente par Orascom Telecom fin 2007 de sa filiale, Orascom Cement, détenu majoritairement par Nassef Sawiris, frère du magnat égyptien Naguib Sawiris, au groupe français Lafarge de Brunot Lafont pour une valeur de 8,8 milliards d'euros, les autorités d'Alger, qui n'ont pas apprécié cette transaction, ont vite fait de sortir de leurs gonds. En effet, le gouvernement Ouyahia a pris un virage à 180 degrés en matière d'investissement étranger et de contrôle du transfert de capitaux vers l'étranger. Un arsenal de lois a été mis en œuvre pour contrôler ce type d'opérations. Il s'agit, entre autres, de l'adoption du droit de préemption de l'Etat sur les entreprises étrangères et l'instauration d'une taxe de 15% sur les dividendes des mêmes firmes étrangères établies en Algérie dans le cas de transferts de capitaux à l'extérieur.