« Nous avons besoin de comprendre si nos investissements en Algérie sont encore les bienvenus ou pas », a déclaré Naguib Sawiris au Wall Street Journal. Orascom Télécom pourrait se retirer du marché algérien si la compagnie recevait « des signes clairs que son investissement n'est plus le bienvenu », a déclaré son président, l'Egyptien Naguib Sawiris, en marge du Mobile World Congress de Barcelone, la plus importante rencontre annuelle du marché de la téléphonie mobile. Dans un entretien accordé au Wall Street Journal, le chairman de la multinationale a affirmé : « Nous sommes très désireux de rester en Algérie. Ce marché est l'un de nos principaux atouts et pourvoyeurs d'actifs. Jusqu'aux récents ‘'incidents'', nous y étions très heureux ». « Toutefois, poursuit-il, nous avons besoin de comprendre si nos investissements y sont encore les bienvenus ou pas. Le cas échéant, nous serons dans l'obligation d'envisager d'autres options ». Le Wall Street Journal, qui rappelle qu'Orascom Télécom Algérie a contesté auprès du fisc algérien le redressement fiscal infligé la fin de l'année dernière, et qui s'élève à près de 600 millions de dollars. Interrogé à ce sujet, M. Sawiris a assuré avoir décidé de ne pas aggraver le différend en le portant devant les instances internationales, tout en étant résolu à poursuivre les recours locaux. « Je reste convaincu que ce litige peut être résolu assez rapidement », rapporte le journal. Cependant, fort de « l'intérêt porté à la filiale algérienne et à sa croissance », il n'hésitera pas « à la vendre si le contentieux tendait à s'aggraver ». Opération qui ne serait pas une première pour le tycoon égyptien, puisque Orascom « a déjà quitté des marchés lorsqu'il a considéré qu'il ne pouvait plus y obtenir de rendements intéressants, comme cela a été le cas en Irak », commente le journaliste. Coupant court aux nombreuses rumeurs faisant état d'hypothétiques difficultés financières du groupe, Sawiris assure « disposer de liquidités suffisantes pour fonctionner et investir durant les deux prochaines années ». Raison pour laquelle il « n'a pas voulu prendre de décision, quant aux opérations en Algérie le pistolet sur la tempe, dans la précipitation ». Ces déclarations n'auront pas été sans réaction du côté d'Alger, et Sawiris ne saurait, selon toute vraisemblance, tarder à recevoir « les signes attendus ». « Il (Sawiris) est assez intelligent pour comprendre qu'il est temps pour sa compagnie de quitter le marché algérien », a commenté, anonymement, un haut responsable du gouvernement, cité par l'agence de presse Reuters. Selon cette source, le gouvernement algérien souhaite voir le groupe égyptien renoncer à sa propriété. « Nous ne voulons plus d'Orascom », a déclaré ce proche du secteur des finances. « Le gouvernement estime que sa façon de faire des affaires ici n'est pas dans son intérêt. Il doit, de ce fait, se retirer du marché algérien », a-t-il poursuivi. « Les analystes et les experts affirment qu'il est peu probable de voir les officiels algériens forcer explicitement ou directement Sawiris à vendre. Toutefois, ils pourraient faire indirectement pression pour l'y persuader », affirme l'agence. « Les hauts responsables de l'Etat déboutent systématiquement les demandes d'entrevues émises par Sawiris, et les journaux proches du gouvernement publient régulièrement des articles très critiques à l'égard d'Orascom », d'expliquer Reuters. Naguib Sawiris, ainsi que les directeurs d'OTA, n'ont pas souhaité faire de commentaires quant à ces déclarations, est-il affirmé.