Selon une source proche du dossier, la Banque d'Algérie a décidé de mener des audits sur les portefeuilles de ces trois banques. La Banque d'Algérie enquête sur les portefeuilles des trois banques étrangères agréées en Algérie, deux françaises et une banque américaine. A l'origine de cette décision, apprend-on de sources sûres, des crédits accordés à Orascom Telecom Algérie durant le mois d'avril. Il s'agit de Calion, BNP Paribas et Calion. Suite à l'avertissement lancé par la Banque d'Algérie le 18 avril, qui lui accordait un très court délai de trois jours pour payer la dernière tranche de sa dette au risque de bloquer ses comptes, le groupe Orascom a mené une véritable course contre la montre. En parallèle, les impôts ont lancé un avis au tiers détenteur (ATD) menaçant de geler les activités d'OTA si le délai n'est pas respecté. Les trois banques sont venues à la rescousse de Naguib Sawiris en donnant leur O.K. Une grande partie est payée par Citibank qui a débloqué une ligne de crédit de 13 milliards de DA, couverte par une contre- garantie de Citibank Londres: «Cette couverture, souligne notre source, permet à Citibank Algérie de récupérer son argent dans le cas où l'opérateur égyptien déposait son bilan ou vendait sa licence.» La célérité avec laquelle a agi Orascom a surpris plus d'un. La BA, a affirmé une source au fait du dossier, a décidé de mener des audits sur les portefeuilles de Citibank, BNP Paribas et Calion. «L'enquête est motivée par les sommes considérables accordées en un temps record à OTA.» Les trois banques en question furent surprises par cette démarche: «Nous avons agi en strict respect des lois algériennes en vigueur. Notre banque ne pouvait pas refuser de crédit à Orascom qui demeure un groupe très puissant sur le plan financier.» Cela d'autant plus, conclut un responsable dans une banque étrangère en Algérie, que l'instruction de 15 avril lancée par BA limite les restrictions contre OTA au transfert d'argent vers l'étranger et ne fait en aucun cas allusion aux crédits. Ce n'est pas tout. La Banque d'Algérie a diffusé une autre instruction interdisant strictement aux banques étrangères agréées en Algérie d'accorder des crédits sur la base de contre-garantie émanant de maisons mères. «Bien évidemment cette nouvelle mesure vient en réponse à la contre-garantie accordée par Citibank Londres.» Dans le même chapitre, Stéphane Richard, directeur général de France Télécom, a déclaré hier que l'opérateur était «prêt à payer un bon prix» pour poursuivre son expansion en Afrique, région au coeur de sa stratégie de croissance sur les marchés émergents. «Nous avons besoin d'être en Afrique. Nous avons décidé d'être en Afrique. Nous serons en Afrique au cours des dix prochaines années», a-t-il déclaré à la presse en marge d'une conférence de presse organisée conjointement avec Orascom Telecom. «Nous avons aujourd'hui une position importante (en Afrique), nous sommes le troisième acteur mondial», a souligné le dirigeant. Pour capturer de bonnes positions et avoir un bon potentiel de croissance, «nous serons prêts à payer un bon prix», conclut-il. Interrogé sur le probable rachat des actions de l'opérateur égyptien en Algérie, l'opérateur français n'a pas voulu avancer de détails. Mais selon certaines indiscrétions, il a bel et bien été abordé par les deux parties en marge de la cérémonie de signature de leurs accords sur Mobinil au Caire. Des informations insistantes font état depuis déjà trois ans du voeu de celui-ci de racheter Djezzy, filiale du groupe Orascom, de l'homme d'affaires égyptien Naguib Sawiris. Orascom avait, rappelle-t-on déjà confirmé que «sa société mère, Weather Investments SPA, était en discussion avec MTN Group», l'opérateur sud-africain de téléphonie mobile. Des discussions allaient conduire à une transaction relative à l'acquisition d'Orascom et/ou de ses entreprises par MTN. Le ministre des Postes et des Technologies de l'information et de la communication, Hamid Bessalah, a réagi en insistant sur le fait que l'Etat algérien a les moyens et se donnera les moyens d'acquérir la totalité des actions d'OTA, en plus de son droit de préemption, qui lui donne accès aux 51%, comme prévu par la loi algérienne.