D'après La République des Lettres, magazine spécialisé dans la littérature, il y a dix ans, la rentrée littéraire comptait seulement 488 livres, mais, inflation éditoriale oblige, ce chiffre n'a cessé de grimper pour atteindre 557 en 2000, 663 en 2002, 691 en 2004 et 683 livres en 2006. Mais est-ce que ce foisonnement littéraire arrange l'ensemble des libraires ? Paris : De notre bureau Pas forcement, avoue Marie Noël, qui possède une grande librairie à la rue Le Pic dans le 18e arrondissement de Paris. Elle estime qu'il faut séparer le bon grain de l'ivraie si l'on veut vraiment lire de belles histoires et découvrir, chemin faisant, de nouveaux talents. Mais tout cela a un coût qui peut être parfois exorbitant. « Nous commençons à lire les livres vers la fin du mois de mai jusqu'à début septembre. Pour cela, j'engage des lecteurs professionnels que je paye relativement cher, en plus du coup de main que nous donnent de temps à autre les habitués de la librairie. Le but étant d'extraire des 700 livres parus en 2008 environ 150. Ces derniers seront alors mis en vente. Certains vont même bénéficier d'un plan de communication supplémentaire qui n'est pas gratuit. » Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra Mais pour quels livres doit-on accorder une attention particulière, en ce sens qu'ils peuvent glaner des prix littéraires ou devenir des best-sellers ? Il y a d'abord les inévitables grosses pointures publiées chez de grandes maisons édition, à l'image de Patrick Modiano dans Le café de la jeunesse perdue, chez Gallimard, l'inépuisable Philippe Sollers Un vrai moment, mémoires, chez le même éditeur, ou encore Daniel Pennac dans Chagrin d'école. Sans oublier l'incomprise Amélie Nothomb avec Ni d'Eve, ni d'Adam, édité par Albin Michel. Dans la catégorie inférieure, la concurrence risque également d'être rude pour l'obtention de nombreux prix (Femina, Renaudot, France-Inter, Académie Française et l'Interallié) distribués entre octobre et la fin de l'année. Là aussi, les amoureux de l'écriture ne manquent pas d'imagination et d'audace. A l'image d'Eric Fottorino avec son livre Baisers du cinéma, chez Gallimard, ou Yasmina Reza (L'aube, le soir ou la nuit) chez Flammarion, ou encore la fille longtemps cachée de feu Mitterrand, Mazarine Pingeot dans Le cimetière des poupées, paru chez Julliard. Côté littérature algérienne parue en France, on retiendra notamment le roman de Yasmina Khadra Ce que le jour doit à la nuit, chez Julliard, ainsi que celui de Leila Merouane flanqué d'un titre aussi original que provocateur, La sexualité d'un islamiste à Paris, chez Albin Michel 2007. Les pamphlets politiques occuperont aussi une place prépondérante dans cette jungle littéraire. Dominique de Villepin, ancien Premier ministre Français récidive avec Le soleil noir de la puissance, Lionel Jospin, également ancien Premier ministre sous Chirac réapparaît avec L'impasse. Quant à Régis Debray et Danielle Mitterrand, le premier s'intéresse à L'Obscénité démocratique, chez Flammarion, la seconde évoquera Une vraie histoire de famille. Enfin, Simone Veil, figure de la résistance contre le nazisme, livrera son Autobiographie, chez Stock, Le voyage dans le monde de la littérature risque d'être long et captivant cet hiver.