Edition n L'ivrEscQ est un nouveau magazine consacré à la littérature et aux livres. Il prévoit dans sa composition un dossier, une enquête ou un spécial pour chaque numéro. Dans cet entretien, Nassira Belloula, directrice de la publication, nous parle de cette aventure éditoriale. InfoSoir : Quel est l'objectif de ce magazine ? Nassira Belloula : Avant tout le magazine se veut d'être un espace de rencontres, de lectures, d'échanges et d'informations littéraire. Notre objectif est de parler du livre dans tous ses états, d'être un trait d'union entre le livre et lecteur, de faire la promotion de la littérature algérienne, des écrivains algériens éditant en Algérie, de parler de l'édition en Algérie mais aussi d'avoir une ouverture, un regard sur ce qui se fait ailleurs. Parlez-nous du choix du titre... Le titre a été au cœur d'un long débat entre nous, nous voulions quelque chose d'original et de frappant. L'ivrEscQ veut tout simplement dire dans sa première lecture livresque. Dans ce titre, on pourrait lire Livre, Ivresse, (ivresse de la lecture bien sûr) ; et si on le lit dans le sens inverse, on pourrait lire que c'est livre, enfin, nous avons joué un peu sur les mots et les compositions. Créer un magazine littéraire ne relève-t-il pas d'un défi ? N'est-il pas aventureux d'en faire un ? C'est un défi, certes, une belle aventure aussi, mais toute entreprise n'est-elle pas périlleuse, rien n'est sûr, et tout est à tenter. Nous aimons le livre, la lecture, la littérature, et nous ne sommes pas fort heureusement les seuls, il serait donc injuste de dire qu'il n' y a pas de lectorat pour ce genre de publication, tout au contraire et les premiers échos sont forts intéressants et surtout très encourageants. La question du lectorat ne se pose pas réellement car nous nous sommes rendu compte qu'il y a un lectorat et il est avide. Les annonceurs publicitaires vont-ils suivre, ça aussi, c'est discutable, car les mentalités changent et la chose culturelle et littéraire ne dérange plus, n'est plus méprisable disons le franchement, c'est notre sentiment, espérant que le temps nous donnera raison. Il y a un réel manque de revues et de magazines littéraires. Pourquoi ? Il y a un manque de périodiques spécialisés dans tous les domaines, nous avons à peine deux magazines culturels (encore C/News n'a pas paru depuis quelques mois déjà). Il y'a deux magazines consacrés à la femme, deux à la santé, deux à l'économie, un peut-être à l'automobile, deux ou trois au tourisme. Il y'a un manque réel et cela dénote justement des difficultés d'être sur le marché. Et comme nous le disions au début, il faut avoir de la volonté et être tenace pour créer un magazine. l Faire un magazine littéraire, cela suppose qu'il y a de l'actualité littéraire. D'où les questions y a-t-il vraiment une activité littéraire et livresque ? Et qu'en est-il de la production littéraire ? Sur ce, Nassira Belloula répondra : «Je pense que ces derniers temps, il y a une petite vie littéraire, les maisons d'édition se sont multipliées, il y a la naissance d'une nouvelle génération d'écrivains qui renforcent avec les anciennes générations les assisses de la littérature algérienne.» Et de poursuivre : «Les écrivains algériens se font publier dans un grand nombre de pays, France, Belgique, Liban, Canada, Tunisie, Egypte, et chez nous bien sûr. Il y'a des sorties de livres pas toujours littéraires, il y a des essais, des nouvelles, des documents…. Il y a des ventes dédicaces, des colloques, des salons de livres, quelques prix ont fait timidement leurs apparitions, à ajouter à cela des programmes comme ceux initiés par le ministère de la Culture (L'année 2003 avec l'année de l'Algérie en France et qui se poursuit à nos jours) qui aident à la création et à la publication.» «Il y'a une ébullition perceptible, certes, ce n'est encore qu'une ébullition pas encore un véritable bouillon, car on est très loin de l'édition dans les pays développés mais il y a une activité littéraire et on ne peut pas le nier », conclut-elle.