Pour les universitaires du Grand Sud (Tamanrasset, Adrar, Illizi et Tindouf), les vacances d'hiver ne sont point synonymes de repos.Bien au contraire, ce sont la colère et la protestation depuis samedi dernier devant le siège de l'Office national des œuvres sociales (ONOU). En effet, les étudiants de l'extrême Sahara, qui poursuivent leurs études à Alger, se trouvent devant une situation presque tragi-comique : ils ne peuvent rentrer chez eux faute de billets d'avion gratuits et ils ne peuvent rester à Alger faute de ravitaillement, sachant que les restos universitaires sont fermés. Aussi, faut-il souligner que l'accord conclu entre la tutelle et Air Algérie ne permet qu'un seul billet d'avion gratuit durant l'année. Donc, ces universitaires ne peuvent regagner leur domicile que lors des grandes vacances. Pour le revers de la médaille, la solution adoptée jusque-là par la tutelle durant les vacances précédentes consistait à fournir à ces étudiants des denrées alimentaires leur permettant de passer les vacances dans les cités sans une saignée des poches déjà vides. Que s'est-il passé cette année ? Des étudiants du Grand Sud, rencontrés avant-hier aux alentours de l'ONOU, affirment que les responsables de l'ONOU leur ont expliqué que la circulaire stipulant le ravitaillement en produits alimentaires a été annulée. Par qui et quand ? Quant à la question de la gratuité des billets d'avion, elle relève, il est vrai, de la tutelle et non de l'ONOU. Les universitaires du Grand Sud exigent, dans une plate-forme de revendications, la satisfaction de pas moins de sept revendications. Il s'agit, notamment, de prendre en charge la restauration des étudiants n'ayant pas pu rejoindre leur famille. Ils rejettent également l'accord signé entre la tutelle et la compagnie aérienne Air Algérie et demandent son remplacement par un autre accord qui offrirait trois billets gratuits (vacances d'hiver, de printemps et d'été). En outre, ils demandent, pour des raisons de sécurité, le transfert des résidentes du Grand Sud de la cité Ouled Fayet vers une autre cité. Après trois jours de rassemblement devant le siège de l'ONOU, une réunion en urgence a regroupé avant-hier l'ensemble des directeurs des cités universitaires de la capitale sur instruction du secrétaire général du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. La séance, qui s'est déroulée sans la participation du délégué des étudiants et sans la présence du DG de l'ONOU, s'est achevée en queue de poisson après quatre heures de travaux. En effet, il a été décidé l'ouverture de deux restos, l'un à Bouzaréah et l'autre à Bab Ezzouar, sans pour autant assurer le transport ! Pour la question des résidentes d'Ouled Fayet, un refus catégorique a été signifié aux étudiants. Reste, bien entendu, le problème des billets d'avion qui relève des compétences du ministère. Aussitôt annoncées, ces décisions ont été rejetées dans le fond et dans la forme par les étudiants du Grand Sud. « Ils n'ont traité que le cas des étudiants qui sont à Alger. Alors que des universitaires du Grand Sud à Mostaganem, Oran et Constantine vivent la même situation que nous. Il y a un seul organisme au niveau national : c'est l'ONOU », lance le porte-parole des contestataires en appelant les responsables à organiser une deuxième réunion. A ce propos, les étudiants en rassemblement affirment que le nombre des universitaires du Grand Sud poursuivant leurs études dans les wilayas du Nord avoisine cette année les 3000. « Et puis, comment une résidente à Ouled Fayet peut-elle se déplacer à Bouzaréah pour prendre son dîner ? », s'interroge un autre, médusé. Cela dit, les étudiants, même déçus, ont pris acte de la bonne volonté du ministère de régler leur situation. « Le SG du MESRS a donné l'ordre pour que notre cas soit pris en charge. Mais le DG de l'ONOU persiste à faire la sourde oreille », fait remarquer un étudiant à ses collègues qui écument de colère. Jusqu'à hier, la situation demeurait suspendue devant le siège de l'ONOU alors que la première semaine des vacances tire à sa fin.