Lorsque le nombre de demandes frise les deux mille alors que l'offre est quasi nulle, il y a lieu de penser que les mal-logés de la commune d'Aïn El Hammam ne verront pas leur problème de logement réglé de si tôt. Même si certains irréductibles gardent l'espoir de se faire loger à la cité Sidi Ali Ouyahia, la majorité savent que le projet de réalisation des soixante logements sociaux, même s'il venait à voir le jour rapidement, est loin de répondre aux besoins. Il leur faudrait une chance inouïe, voire un miracle, pour être comptés parmi les heureux élus. Ils se rendent à l'évidence que la solution est ailleurs, c'est-à-dire dans la construction d'une maison individuelle.Or par les temps qui courent, il n'est guère aisé d'entamer un quelconque chantier. Malgré l'aide de l'Etat à l'habitat rural qui se chiffre en ce moment pour les nouveaux bénéficiaires, à 70 millions de centimes, ceux qui peuvent opter pour « un pavillon » se trouvent parmi les travailleurs dont les salaires sont au-dessus de la moyenne. D'ailleurs, pour être retenu parmi les bénéficiaires, il faut, soit disposer d'une assiette de terrain, soit avoir l'autorisation de construire un appartement en surélévation. Des conditions que de nombreux pères de famille ne remplissent pas et par conséquent un critère dont les pouvoirs publics doivent tenir compte lors de l'attribution de logements sociaux. Les autres formules tels les logements sociaux participatifs ne suscitent pas l'engouement escompté à l'origine, si on se fie au nombre de logements réalisés suivant la formule. Le système de coopératives des travailleurs ne peut plus être réactivé par manque de terrains communaux. Le nombre de postulants augmente sans cesse avec l'éclatement des familles dont les enfants mariés ressentent le besoin d'habiter hors du « nid familial » bien qu'issus de familles aisées. Il est loin le temps où les garçons en âge de se marier, se suffisaient d'une chambre dans la maison des parents. Les couples modernes exigent plus d'espace et de confort et surtout d'intimité qu'ils ne trouvent pas dans la maison qui les a vus naître. Les moins nantis, en revanche, reculent sans cesse l'âge du mariage, en attendant de meilleurs jours qui tardent, cependant, à venir. Les célibataires ayant dépassé la quarantaine sont de plus en plus nombreux. Sans travail ni logement, que reste-t-il à cette armada d'hommes qui voient leur horizon s'assombrir de jour en jour ? Rien n'est fait pour les retenir. Ceux qui n'ont pas la chance de s'installer ailleurs ne perdent pas l'espoir de le faire un jour. Pris dans une spirale sans fin, ils n'ont d'autres projets que celui de partir. N'importe où, par n'importe quel moyen. Même si la crise du logement n'est pas spécifique à l'ex-Michelet, elle y est en tous cas, cruciale. Les loyers des appartements proposés par les privés dépassent l'entendement. Ce n'est pas avec la construction de soixante logements, par décennie, qu'on peut prétendre résorber le déficit que la région traîne comme un boulet depuis l'indépendance. Les dossiers des mal-logés s'entassent par milliers, au niveau de la daïra même si les postulants savent que la future tranche reste toujours dans le domaine du projet. Le manque de terrains d'assiette, conjugué aux difficultés du relief qui multiplient les prix de revient des logements, devraient attirer l'attention des décideurs pour faire bénéficier Aïn El Hammam d'un programme spécial.