Rien ne va plus à Béni Amrane. Les premiers signes du malaise social sont apparus vendredi dernier lorsque des citoyens sont sortis manifester dans la rue à 22h30. Ils ont bloqué la RN5 pendant une demi-heure en brûlant des pneus sur les deux voies suite aux coupures d'électricité répétées durant plusieurs jours de suite. L'absence de l'eau courante (malgré la rénovation du réseau) a aggravé le mécontentement des habitants. Un commerçant de Béni Amrane nous a raconté ses déboires à la polyclinique. « J'ai accompagné ma petite fille chez le dentiste pour se faire soigner une dent, quelle ne fut ma stupéfaction de l'entendre me dire de ramener une bouteille d'eau ! Le docteur s'est même plaint de l'état d'insalubrité des lieux », nous dit-il. Même constat amer à la maternité. Un autre habitant nous a fait ce témoignage : « La femme devant accoucher doit penser à ramener avec elle un jerrycan d'eau. Cela a lieu tandis que l'on sait que pareilles conditions sont plus que favorables à la transmission et la propagation de maladies. A la maternité il n'y a même pas un gynécologue, les sages-femmes font seules tout le travail ». Un parcours de combattant s'impose en fait pour les femmes sur le point d'accoucher : à Béni Amrane on refuse de la prendre en charge faute de gynécologues, à Thenia à cause des « risques encourus et l'absence de spécialistes » et à Boumerdès par faute de moyens , à Alger elles sont renvoyées parce qu' elles viennent d'une autre wilaya ou par manque de places. Cela les emmènent forcément dans une clinique privée où elles doivent mettre la main à la poche. « C'est comme si il y avait une complicité entre l'Etat et ces prédateurs », commente un habitant. La rentrée scolaire est un autre motif de mécontentement des citoyens. A la cherté des fournitures scolaires s'ajoute de multiples problèmes. Les habitants d'Aït Khelifa et d'Iâazlyène montent au créneau. Ils demandent la fermeture pure et simple de l'annexe sise à Aït Khelifa à cause d'un problème de transport qui oblige les malheureux garçons et filles de faire plus de 3 km à pied. Les parents se révoltent contre l'inexistence des moyens pédagogiques tels que les ordinateurs, les équipements de laboratoire et autres. Ces manques se répercutent sur les séances de travaux pratiques et pénalisent les élèves. Les raisons invoquées par les responsables lors de nos investigations sont d'ordre sécuritaire et le directeur ne peut pas prendre la décision de bien équiper l'établissement parce que cela suppose une forme de garantie, donc une responsabilité. A noter qu'il y a dans ce collège 19 classes de première année moyenne avec 36 à 42 élèves par classe pour 30 salles disponibles.