Déambuler dans les rues de la ville de Tizi Ouzou semble la seule distraction de la plupart des familles. Au fil des jours, de plus en plus de monde sort, mais peu d'attractions sont disponibles pour accueillir tout ce beau monde. « Excepté les cafétérias, les salons de thé, les foires, il n' y a rien d'autre qui puisse nous distraire. Après la prière du tarawih, les femmes, accompagnées, et les enfants dégusterons des glaces et hop… à la maison. A 00h Tizi Ouzou redevient ville morte », dit Fodil, comme pour donner un aperçu des soirées ramadhanesques en ville. Peu après le célèbre feuilleton El Imara de El Hadj Lakhdar l'on se lasse à mourir. Après la rupture du jeûne, les hommes et les jeunes prennent « d'assaut » les cafétérias des quartiers de leurs résidences. Difficile cependant, de débusquer une table pour siroter son thé ou son café après un diner morbide. « Je monte rarement en ville, car il n'y a rien à voir. Je marche un peu avec les copains, histoire de prendre de l'air et digérer, ensuite on s'attable à cette terrasse pour une interminable partie de domino ou de jeux de cartes », dit Ahcen, un résident de la cité Krim Belkacem. Ainsi les cafétérias sont l'unique refuge pour ces dizaines de jeunes. Assis à même le trottoir, Sofiane est plongé dans son portable multimédia. « Je joue au Snake. Qu'est-ce que je vais faire en ville ! J'irai au cyber tout à l'heure si ça te dit, après, je rentre pour suivre El Bedhra2 (feuilleton) », dit-il sans décrocher du petit écran de son mobile. Parfois, par manque d'argent ou par désintéressement à tout ce qui pourrait se passer ailleurs, les jeunes se déplacent rarement. Il est 20h au carrefour de la Tour. Les deux stations de taxi sont bondées de monde et les taxieurs se font désirer. Réflexion faite, partir en ville par la gare routière en traversant la Nouvelle-Ville semble possible. La destination n'offre aucune attraction et donc, les places par taxi sont disponibles. En parcourant la partie sud-ouest de la ville des genêts rien n'indique que c'est une soirée ramadhanesque. Des rues plongées dans le noir, des chats et chiens errent dans les poubelles qui débordent, des policiers en faction devant le pénitencier et quelques riverains. En somme, c'est un décor triste et lassant. Un climat de suspicion donne froid au dos en traversant les artères sombres et étroites qui mènent à la gare routière par le quartier Khodja. Par ailleurs, à la placette Laâmari Meziane, l'ambiance change de ton. « On se sent plus en sécurité ici. Je constate qu'il y a moins de monde cette année. Tu n'aurais pas trouvé où mettre les pieds l'an dernier ! Persuasive, la police rodait en tenue mais, je reconnais la plupart qui sont en civil cette fois. Leur présence est toujours rassurante », dit Farid, un fonctionnaire. Très facile de schématiser les rues les plus fréquentées dans la ville de Tizi Ouzou cette nuit. Des barricades supplémentaires que personne ne constate la journée sont érigées et ferment l'accès sur plusieurs rues. Ainsi, la circulation est réduite sur l'axe : bd Abane Ramdane, le bd Lamali et la route de Hassnaoua jusqu'au carrefour du 20 Avril. Ce qui focalise les familles et les vadrouilleurs sont le CHU Nedir Mohamed, vers lequel les visiteurs se ruent dans la soirée. Les autres points sont les axes lumineux et rues commerçantes, bien que les achats « ne sont pas terribles », de l'avis d'un commerçant installé dans l'éternelle foire de la Tour. Les activités culturelles s'arrêtent à donner des galas dansants à l'unique espace qui reçoit toutes les activités culturelles, depuis la fermeture pour cause de travaux du théâtre communal Kateb Yacine. Sur le volet animation, on est très loin des grandes soirées, le menu étant étriqué. Toutefois, pas moins de 61 artistes sont programmés pour l'animation des soirées à la maison de la culture Mouloud Mammeri. Néanmoins, et à l'affiche, de grosses pointures sont annoncées. 21h, une peuplade de jeunes filles se massent devant les barrières de sécurité en cette soirée de samedi. Ce n'est pas étonnant. A l'affiche, un Makhlouf qui vient présenter son dernier album qui, apparemment, a fait un succès chez les filles.