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Réda falaki, romancier du désenchantement postrévolutionnaire
Un feu violent sous les cendres éparses
Publié dans El Watan le 23 - 12 - 2004

En 1964, l'éditeur français Denoël mettait sur le marché littéraire Le Milieu et la marge, premier roman d'un jeune écrivain algérien, Réda Falaki.
L'auteur, s'il faisait ainsi une entrée remarquée dans la République des lettres, n'était pas pour autant inconnu du grand public algérien. Réda Falaki était, en effet, l'un des protagonistes des émissions en langues arabe et kabyle (ELAK), diffusées par Radio Alger, à l'entame des années cinquante du XXe siècle. C'était alors le terrible contexte colonial avec son lot quotidien d'exactions et la fracture irréparable entre deux communautés qui se faisaient la guerre. Les ELAK étaient pour les Algériens un espace conquis sur l'ordre colonial, car il y a des pans de leur patrimoine dans des émissions qui, réellement, leur parlaient. Un homme présidait aux destinées de ces émissions en langues arabe et kabyle, jusqu'à l'année 1957 tout au plus.
l'épopée
C'était El Boudali Safir, personnage hors du commun, normalien, épris des expressions culturelles de son pays dont il quêtera les éléments tout au long de sa vie. Il fut, aux ELAK, le mentor exigeant des jeunes Algériens qui brûlaient de s'affirmer et d'établir à travers les ondes des passerelles avec le peuple des villes et des campagnes sevré de ses sources. Réda Falaki était de ceux-là, et aux ELAK, il était en charge des tranches enfantines. Il était dévoré par une autre passion prenante, celle du théâtre dont il constitue d'ailleurs jusqu'à aujourd'hui, une référence incontournable. Derrière ces discrètes, voire modestes, attributions, Réda Falaki n'est pas n'importe qui. Il est le fils de Abdelkader Hadj Hamou, grand esprit, qui dans cette Algérie coloniale, traite sur un pied d'égalité avec les élites françaises. Pour autant, Réda Falaki n'en tira pas avantage et le choix d'un pseudonyme montre à l'évidence que le jeune Hadj Hamou n'entendait en aucune circonstance se réclamer de son illustre filiation. C'est sans doute un élément essentiel de sa biographie que de relever le fait que le nom de Hadj Hamou n'intervint jamais dans la vie publique de Réda Falaki, comme s'il y avait une volonté d'échapper à l'écrasante tutelle du père et faire valoir ainsi, par soi-même, ses mérites. L'épopée des ELAK fut sans doute pour lui, aux côtés notamment de Mustapha Badie ou de Mohamed Hilmi, une période glorifiante. Mais sous la cendre couvait le feu. La spirale de la violence guerrière allait faire voler en éclats bien des rêves et des certitudes : plus rien ne sera comme avant après la Bataille d'Alger et les événements allaient suivre le cours inexorable, fracassant de l'Histoire. Le peuple algérien, et il ne pouvait en être autrement, sortira vainqueur de l'épreuve de la guerre après sept années d'inlassables luttes et 132 ans d'écrasement colonialiste. Et lorsque Le Milieu et la marge sortit, il subsistait encore une sorte de lyrisme révolutionnaire qui ne tarda pas à se diluer dans la tentation du populisme. Le roman de Réda Falaki n'était en rien proche de cette atmosphère d'exaltation qui cachait mal un malaise profond qui conduira au coup d'Etat du 19 juin 1965. Le Milieu et la marge est à ce moment-là le roman du désenchantement et même du ressentiment. Réda Falaki y décrit une sorte de jet-set pervertie par les orgies et un cynisme froid dans lesquels le lecteur cherchera en vain la moindre parenté avec l'héroïsme qui conduisit à l'indépendance du pays. Un tel roman contrastait avec les débats virulents entre intellectuels algériens dont les deux temps forts restent l'interview de Mostefa Lacheraf à la revue Les Temps modernes et la polémique abritée par l'hebdomadaire Révolution africaine, sous le thème de « La trahison des clercs ». Réda Falaki avait-il pressenti que les choses tourneraient à un tel degré de perversion des valeurs que le nec plus ultra serait la course aux plaisirs dans un tourbillon vaniteux qui mènerait la société à une possible perdition ? Le Milieu et la marge, sous la charge de l'humour distant et cruel décrivait une société qui se « soviétisait » par le biais de la constitution d'une caste d'apparatchiks occupés de la seule satisfaction de leurs appétits. Le Milieu et la marge est-il dans ce sens un roman à clé ? De cette bourgeoisie féroce, décalée du peuple, que dépeint le roman il y a plus qu'une ombre projetée dans l'espace et le temps. Quarante ans plus tard, Le Milieu et la marge jette un froid car il continue d'être à courant des dithyrambes qui annonçaient un ciel sans nuages. Est-ce ce roman qui a mené l'écrivain à prendre ses distances avec le pays, ou ne s'y sentait-il plus accepté ? Toutes les hypothèses restent ouvertes à cet égard. Mais il est significatif que l'écrivain, rompant un silence abyssal, ait publié en 2001, chez L'Harmattan un deuxième roman intitulé La Ballade du Berbère avec pour sous-titre évocateur « Scénario pour l'Algérie d'autrefois ». C'est une manière de dire, de sa part, que la matrice originelle n'est pas déchirée. C'est ce qui accentue le mystère que tisse autour de lui un auteur dont la vie aura été marquée tout autant par la lumière éclatante de sa vie publique que par l'ombre pesante qui enveloppe les motivations de son intime conviction. L'homme n'est-il pas, tout ensemble, dans ce qu'il montre au grand jour que dans ce que ses choix personnels ont occulté ?


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