C'est le cas de Christophe, 29 ans, étudiant infirmer. Il a commencé à observer quelques jours de jeûne depuis deux ans. C'est sa compagne, une jeune étudiante marocaine, qui l'a aidé dans sa démarche. Elle pensait l'attirer vers l'Islam, mais Christophe reconnaît que son jeûne n'a rien de religieux. Paris : De notre bureau « C'est juste pour vivre l'ambiance du ramadhan et partager des moments privilégiés avec ma compagne », avoue-t-il. Et d'ajouter :« ce que je préfère vraiment, c'est l'heure qui précède la rupture de jeûne. On s'affaire dans la maison, on dresse la table, on allume même les bougies pour donner un caractère solennel au repas. Le tout accompagné par l'odeur envahissante de la hrira qui nous creuse un peu plus l'estomac ». Pour vivre de pareils moments, Christophe choisit de jeûner les jours où il ne travaille pas. Avec sa compagne, la journée commence par un tour au marché arabe pour acheter les bons produits nécessaires pour le dîner. « Nous nous rendons soit au marché de Belleville, soit à celui de Barbès. Mais le second est toujours bondé de monde. Tous les Arabes de Paris et d'ailleurs viennent y faire leurs courses ». Viande hallal, coriandre, galette traditionnelle, pâtes langue d'oiseau, épices et gâteaux maghrébins... la tournée dure deux bonnes heures au maximum, car, Christophe craint d'avoir la tête qui tourne à force de marcher et de croiser tant de monde. « Si je fais le ramadhan deux à trois jours pendant le mois, c'est juste pour prouver mon amour à ma compagne. D'ailleurs, j'ai l'impression que les jours de jeûne renforcent un peu plus notre relation ». « A présent, Je ne fais le ramadhan que pour Dieu » Ce n'est pas le cas de Julien, 32 ans, marié à une Tunisienne. Lui, il fait le Ramadhan pour des raisons religieuses. Converti à l'Islam depuis quatre ans, il jeûne durant tout le mois et s'acquitte de toutes les obligations religieuses qui vont avec : prière nocturne à la mosquée du quartier de Bobigny dans le département de la Seine Saint-Denis, zakat et distribution quotidienne d'un ou deux repas pour les plus démunis du quartier. « Je fais entièrement le Ramadhan depuis 4 ans. Je l'ai commencé à 26 ans, lorsque j'ai rencontré la jeune fille qui est devenue ensuite ma femme. Au départ, je devais juste montrer l'intérêt que je portais à sa culture et à sa religion. Mais par la suite, j'ai découvert que l'Islam est une religion de tolérance et de bonté. Je me suis converti avant de pouvoir épouser ma femme ». Il enchaîne : « A présent, j'ai mis de côté les motivations sentimentales et sociales. Je ne fais le Ramadhan que pour Dieu. Et même si notre couple devait être confronté à la séparation, je continuerai toujours dans la même voie. » Bien entendu, au-delà du caractère religieux, Julien aime aussi l'ambiance qui règne pendant ce mois sacré. « J'aime les iftars en famille. On invite de temps en temps des amis pour partager le repas. Parfois, on prie même ensemble à la maison et on veille jusqu'à une heure tardive de la nuit. Pour moi, ce sont des moments agréables, marqués par l'insouciance et le rapprochement familial et vers le créateur. » « Les pauvres jeûnent de fait » Le Ramadhan de Jean Michel n'a rien de religieux. C'est surtout par solidarité vis-à-vis de sa femme, une Algérienne qui travaille dans le domaine bancaire, qu'il observe deux jours de jeûne. « Je ne respecte même pas la religion catholique. Alors comment voulez-vous que je me prive de nourriture pour une religion qui n'est même pas la mienne. Je jeûne le dimanche, car je ne travaille pas. Ca me permet d'être avec ma femme et de l'aider dans la préparation du dîner. » Et d'ajouter comme pour se ressaisir : « Non ! Je fais le Ramadhan sérieusement, car je veux vraiment éprouver la même chose que ressent ma femme. La soif, la faim, la tête qui tourne. Pour moi, c'est une façon de lui exprimer ma solidarité et mon respect. » Jean Michel avoue que tout va bien le matin, mais les choses se compliquent en fin d'après-midi (vers 16h). « Je sens mon ventre me faire mal et ma gorge devenir sèche. Mais après une petite sieste, tout passe. » Agnostique, Jean Michel, qui travaille comme commercial pour une entreprise d'informatique, ne croit pas, en revanche, à l'idée de faire le Ramadhan pour ressentir ce qu'endurent les pauvres qui n'ont rien à manger. « A mon avis, tout est biaisé au départ. Moi, en jeûnant, je sais que le soir, je mangerai jusqu'à ma faim. Par contre, les plus démunis et les pauvres jeûnent contre leur gré et de fait. Ils ne savant pas quand vont-il se nourrir. C'est la où réside la différence. Je trouve cela dommage. »