Voilà comment Farida Hamak présente son intervention à la galerie Regard Sud de Lyon. Un texte qui se passe de tout autre commentaire et suggère le talent de la grande photographe algérienne : « J'ai commencé à photographier ma mère un jour d'été 1977 après une longue rupture. Ces images ont été comme un pont posé entre nous. Elles m'ont permis de revisiter les lieux de mon enfance jusqu'à ce jour de 1956 où nous avons quitté l'Algérie pour la France. Je suis née en Algérie, dans la Mitidja. Je suis née dans la guerre. Plus tard, je suis allée m'y confronter, ailleurs, au Liban, en Irak, en Palestine. J'ai photographié les conflits, la souffrance. Pourtant, rien ne m'a semblé plus difficile que ce travail sur ma famille. Même s'il m'a donné du bonheur. Dans notre famille, parler de soi, se donner à voir, n'est pas coutumier. La photographie m'a appris à oser dire. A braver cette pudeur familière à mon éducation, tout en la respectant. Là où la parole se taisait, mes images, elles, ont choisi de me parler. J'ai voulu écrire en images une mémoire des origines. (...) A travers l'espace nécessaire de la photographie, ma mère est devenue une femme, qui, sans le mesurer, parle des mères et de leurs audaces (parfois forcée) à changer les choses. Je rends ici hommage à son courage et à sa dignité, ainsi qu'à toutes les femmes de sa génération déracinée. Son déracinement m'a construite. » « Ma mère, histoire d'une immigration », vidéo. 1-3, rue des Pierres Plantées, Lyon 1er. Du 20 sept. au 1er nov. 2008. Tel : 04 78 27 44 67.