Il ne se passe pas un jour sans que les routes algériennes ne soient le théâtre d'accidents mortels. Les chiffres, effarants, traduisent la nécessité d'inscrire la sécurité routière comme un enjeu de gouvernance prioritaire. Les innombrables campagnes de sensibilisation sont toujours nécessaires, mais sans doute pas suffisantes pour favoriser ne serait-ce qu'une réduction du risque. Le dispositif réglementaire, bien que plus coercitif, ne peut pas empêcher les dérives dans un parc roulant disparate. Bien que l'arrivée de divers concessionnaires a pu contribuer à rénover le parc automobile, il subsiste encore sur les routes algériennes une flotte impressionnante de véhicules anciens. Même si elle est très bien entretenue, une voiture ne peut pas durer éternellement et c'est encore plus vrai pour les véhicules destinés au transport des personnes et des marchandises. Ce sont ces véhicules qui sont les plus marqués par l'usure et cela est vérifiable au niveau du contrôle technique. Au-delà d'une période de circulation constante supérieure à dix ans, un véhicule lourd ne devrait plus être admis à transporter des voyageurs ou du fret. Il y aura inévitablement des accidents meurtriers si des autobus qui apparaissent à l'œil nu comme rafistolés circulent sur des voies engorgées et peu susceptibles de résister au volume et à la cadence du flux routier. Les routes et autoroutes sont un complexe névralgique comme un corps vivant. Un tronçon en bon état limite considérablement les dangers de collision. Ce qui n'est pas le cas sur une route crevassée ou parsemée d'obstacles improbables. Dans de telles conditions, même un véhicule neuf ne pourra pas éviter le heurt ou le dérapage. Il est très coûteux en effet de maintenir à niveau le réseau de routes et d'autoroutes dont chaque kilomètre réalisé nécessite des dépenses lourdes. La maintenance d'un réseau fiable est l'une des parades à la montée en puissance des accidents de la circulation. Le problème est de pouvoir budgétiser cette activité de maintenance forcément répétitive puisque l'ensemble du réseau routier national est mis à mal par le va-et-vient constant des véhicules de tout poids. Le système de péage pourrait être une solution appropriée pour garantir le financement de la maintenance des routes et autoroutes, mais c'est une option qui pourrait être impopulaire auprès d'usagers qui seraient appelés à payer un service. C'est en fait une problématique paradoxale, car il s'agit d'obtenir le confort et la sécurité sur la route sans participer à l'effort financier. A l'échelle d'un pays aussi grand que l'Algérie, il faudrait du temps et des investissements colossaux pour moderniser et le réseau routier et le parc roulant. C'est un patient travail de maturation et de changement des mentalités qu'il conviendra également de conduire. En plus des accidents de la route, il y a également la dimension environnementale du rapport aux véhicules. C'est cette conjonction de défis qui met l'Algérie en situation de devoir rattraper son retard par rapport à des pays qui ont déjà mis en œuvre une fiscalité écologique liée à la voiture. Ce sont justement les pays producteurs des véhicules qui roulent sur les routes et autoroutes algériennes sans s'exposer à des taxes calculées au prorata de l'ampleur de leur capacité de pollution. Est-ce une chimère que de protéger, en Algérie, la qualité des routes et celle de l'air ?