Alors que tous les présents croyaient que tout allait se dérouler sans la moindre perturbation, la conférence de presse animée hier par des membres du Congrès mondial amazigh (CMA), au bureau de l'association Amusnaw à Tizi Ouzou, a été interrompue avant l'heure. Tizi Ouzou : De notre bureau Et pour cause, des éléments de la police ont fait irruption dans la salle pour sommer les intervenants marocains de les accompagner au siège de la sûreté de wilaya. C'est à partir de là que les représentants des associations présents sur place ainsi que les autres membres du Conseil fédéral Algérie ont refusé de laisser les policiers embarquer les conférenciers marocains, Rachid Raha, Ahmed Adghrini, Mohamed Marraki et Abdellah Bouchart, respectivement vice-président du CMA, secrétaire général du Parti démocrate amazigh du Maroc et membre de la jeune Amazigh. Ces derniers se sont ensuite rendus au commissariat central avec des dizaines de personnes ayant improvisé une sorte de marche spontanée en guise de soutien aux membres du CF Maroc. L'on a relevé, dans la foule, la présence de Belaïd Abrika, membre de la CADC, et Malika Matoub, en sa qualité de présidente de la fondation qui porte le nom de son frère Lounès. « C'est scandaleux. Je ne comprends pas cette réaction. Le pouvoir algérien est en train de jouer le jeu du Makhzen marocain qui veut récupérer le CMA », a déclaré la sœur du rebelle. Après plus de deux heures d'interrogatoire, les quatre Marocains ont été libérés. « Ils nous ont fait un PV et ils nous ont signifié qu'il est interdit aux étrangers de tenir une conférence de presse sans autorisation. Mais ce n'est pas cela qui va nous empêcher de tenir notre congrès en Kabylie », dira Rachid Daha, vice-président du CMA. « Un contexte de confusion » Au préalable et avant l'interruption de la conférence de presse, M. Daha avait souligné que « depuis son installation, le comité préparatoire a mis en œuvre toute une série d'actions, en menant une campagne de proximité à travers la société civile et des rencontres de concertation avec les associations culturelles et sociales, les acteurs du monde amazigh et les responsables de certaines institutions ». Au sujet de la polémique qui entoure le changement du lieu de la tenue des 5es assises du CMA, l'orateur a souligné : « C'est dans un contexte de confusion au sujet du lieu de la tenue du 5e Congrès mondial amazigh prévu initialement en Algérie dans la région de Kabylie, conformément aux recommandations du 4 e CMA de Nador en 2005, qu'un comité préparatoire a été installé justement à cet effet. Après un large débat sur cette rumeur d'un changement du pays accueillant pour de prétendus obstacles de type sécuritaire, nous nous sommes déplacés ici en Kabylie pour constater sur place les réalités du terrain. Nous avons été dans plusieurs localités de la région. Celle-ci peut accueillir, sans la moindre difficulté, le congrès », a-t-il ajouté. Selon lui, « certains responsables du bureau mondial ont piétiné les statuts du CMA. Ils ont semé une certaine confusion pour mener une campagne qui fait peur aux militants. Ils ont présenté la Kabylie comme une région infestée par l'islamisme et l'insécurité ». Dans le même ordre d'idées, El Hachemi Touzène, membre du CF Algérie, a fait remarquer que les 5es assises du CMA se dérouleront en Kabylie du 30 octobre au 2 novembre prochains, avec le soutien des associations, la fondation Matoub Lounès, le mouvement citoyen des archs, les partis politiques et même l'APW de Tizi Ouzou. « La déclaration du président du CMA sur le report du congrès n'a pas été acceptée par le conseil fédéral. On n'acceptera ni le Makhzen ni l'Etat algérien dans le CMA qui est une organisation non gouvernementale », a-t-il dit avant d'appeler à la réunification des rangs.