Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a interpellé les patrons des 25 banques privées et publiques exerçant en Algérie, les sommant de renforcer leurs fonds propres pour une meilleure gestion de l'allocation des ressources financières à l'économie. Le gouverneur a expliqué lundi dernier, lors de sa réunion de travail avec les PDG des banques, que « compte tenu de la disponibilité accrue des fonds prêtables et des besoins d'investissements productifs, il est attendu que des crédits sains à l'économie augmentent en 2008 et que les banques financent davantage les investissements, d'autant que le stock d'épargne financière est bien accru sur les huit dernières années ». De ce fait, M. Laksaci a appelé les banques à poursuivre « d'une manière résolue la nécessaire amélioration de l'évaluation, la gestion et la maîtrise des risques de crédit, vu l'acuité de ces questions au niveau international ». Il les a sommés de « renforcer » leurs fonds propres pour assurer « une meilleure contribution à l'amélioration » des crédits à l'économie nationale. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a tenu à rappeler que cette tendance à la hausse du stock d'épargne s'explique par plusieurs facteurs. D'abord, la progression des avoirs extérieurs de l'Algérie. A la fin de juin 2008, ces derniers ont connu une hausse de 11,8% contre un taux de croissance de 34,46% pour 2007. Ils sont établis en équivalent en dinars à 8290,38 milliards à la fin de juin 2008, après être passés de 5515,05 milliards de dinars à fin décembre 2006 à 6419,44 milliards de dinars à fin juin 2007 et à 7415,56 milliards de dinars à fin décembre 2007. « Sous l'effet de l'expansion structurelle des avoirs extérieurs nets, la masse monétaire s'est accrue de 10,13% au premier semestre 2008, contre 11,97% au premier semestre 2007, 10,89% au second semestre 2007 et 24,17% pour toute l'année 2007 ». Pour 2008, a noté Laksaci, cette expansion monétaire est restée élevée, après avoir enregistré une baisse entre 2001 et 2005. L'évolution de la structure de la masse monétaire, a-t-il ajouté, révèle une stabilisation de la part relative des dépôts à vue hors secteur de l'énergie, soit 28,15%, et une augmentation des dépôts de ce dernier secteur de 22,58% à fin juin 2008 contre 21,05 % à décembre 2007 et 18,66% à fin juin 2007. Cependant, a-t-il relevé, le ratio dépôt à terme connaît une baisse s'établissant à 28,31% à fin juin 2008, notamment durant cette période de reprise de l'expansion des liquidités monétaires et quasi-monétaires. « La forte augmentation des dépôts à vue de Sonatrach de 18,86% au premier semestre 2008, dans cette conjoncture favorable, contribue largement au fait que l'accumulation des dépôts a pour origine plus l'accroissement des dépôts provenant du secteur public que celui provenant du secteur privé (...) Les dépôts à vue auprès des banques, du Trésor public et des CCP ont connu une hausse de 64,18%, contre 62,54% à fin de 2007 et 55,84% à la fin de 2006, confirmant la hausse par rapport à 2003. Par contre, l'évolution de la structure des dépôts montre le net recul de la part des dépôts à terme en dinars à 31,10% du total des dépôts à fin juin 2008, contre 32,58 % à fin 2007 et 37,71% à fin 2006. » Avant le rachat des créances non performantes, l'agrégat des crédits à l'économie en tant que seconde partie de la masse monétaire a connu une hausse de 5,15% au premier semestre 2008, contre 5,45% durant la même période en 2007, année au cours de laquelle les crédits avaient progressé de 15,22 % contre 12,16% en 2006. La plus grande part de ces crédits a été allouée au secteur privé, avec 52,95%, un taux resté néanmoins stable depuis 2006, avec une diminution du celui relatif aux crédits non performants. Ce qui confirme, a relevé le gouverneur de la Banque d'Algérie, la tendance à la hausse des crédits à moyen et long termes, passés de 49,58% à fin 2006, à 51,26% à fin décembre 2007 pour se situer à 50,90% à fin juin 2008.