A Annaba, en matière d'urbanisme, c'est le « massacre à la tronçonneuse ». On construit, on fait des extensions, on occupe des espaces publics en faisant fi de toutes les lois et instruments juridiques existants. Chacun fait ce qu'il veut et les espaces « urbanisables » ont été ouverts de manière anarchique et Annaba se transforme d'année en année. Les responsables locaux du secteur ne savent-ils pas que toute transformation des villes, dans un contexte géopolitique, politico-économique et socioculturel actuel, doit tenir compte de la morphologie, des structures, du rôle, du fonctionnement et de la gestion des villes ? On constate aujourd'hui qu'une attention particulière est accordée à la ville par les pouvoirs publics et des spécialistes, vu la gravité de la situation de précarité socio urbaine qu'elles ont atteint, notamment ces dernières années. Parmi ces spécialistes de la question architecturale et urbanistique, figure le docteur Abderrahim Hafiane, architecte et urbaniste qui prépare une étude exhaustive sur la situation à Annaba où la précarité socio urbaine semble atteindre son paroxysme. Une étude au terme de laquelle seront émises des recommandations à l'adresse du ministère et des autres institutions concernées. Cet architecte auquel ont été confiées plusieurs études de projets structurants de la ville de Annaba, impute cette situation à divers facteurs, dont la consommation abusive de l'espace agricole, la construction quasi anarchique sur des terrains relevant des municipalités tout en faisant fi des orientations du plan directeur d'aménagement et d'urbanisme (PDAU), ou sur la base d'une stratégie quelconque. Pour lui, c'est la banalisation de la valeur économique du foncier qui a profondément renversé la logique de l'aménagement urbain par rapport aux grandes théories d'urbanisation. Ces dernières ont pour but évident de faire de la ville un lieu par excellence où se concrétisent le développement économique et le progrès social. La vie de proximité à l'échelle des quartiers, limitée à son plus bas niveau, a généré l'isolement et l'exclusion systématique favorisant de ce fait l'émergence de maux sociaux. L'aspect environnemental est, selon A. Hafiane, un autre facteur qui a accentué la précarité socio-urbaine. L'insertion massive d'activités nuisibles et génératrices de risques dans tous les quartiers, y compris les lotissements, le non-respect, par les constructeurs, des dispositions relatives aux zones de servitude, l'insuffisance de la gestion des différents types de déchets, l'éparpillement spontané des décharges sauvages et l'appropriation des espaces publics par des activités informelles, sont d'autres facteurs qui ont défiguré le paysage urbanistique de nos villes, conclura-t-il.