La contrebande semble avoir encore de beaux jours devant elle dans la capitale de l'Ouest, au vu de la sédentarisation des marchés informels. Les boutiquiers crient à l'injustice devant la concurrence déloyale imposée par les trabendistes, qui se sont accaparés des espaces publics aux abords de leurs établissements de commerce. A la veille de la célébration des fêtes de l'aïd, la hache de guerre a été déterrée et les violentes altercations entre belligérants sont devenues le lot quotidien de l'immense souk du faubourg de la ville nouvelle. Les gérants de commerce, versés plus particulièrement dans la vente des effets vestimentaires, sont dépités devant le pourrissement de la situation et menacent de réagir contre ce qu'ils qualifient « d'envahissement de la contrebande ». Le propriétaire d'un magasin sis dans ledit faubourg nous affirme : « Je suis en règle avec les impôts et je m'acquitte de mes charges à l'instar des autres commerçants. Nous sommes en droit d'exiger en contre-partie à nos élus l'assurance et la sécurité ». Et d'ajouter : « quand ce n'est pas des produits provenant de la contrebande, ce qui est rare, ces trabendistes s'approvisionnent chez nos fournisseurs et acquièrent la même marchandise au même prix que nous autres. Ces revendeurs à la sauvette peuvent proposer cette marchandise à un prix beaucoup plus bas par rapport au notre du fait qu'ils ne payent pas d'impôts. C'est ainsi que nous avons perdu presque tous nos clients et nombre d'entre nous risquent la faillite. » Un autre son de cloche se fait entendre chez les trabendistes qui invoquent généralement le chômage. « Ce tréteau de fortune qui me sert de magasin m'aide à nourrir ma famille. Je ne vole pas. J'achète et je revends en tirant un petit bénéfice. Je ne suis pas contre, si on daigne régulariser ma situation en me louant un espace. » Cet état de fait semble mettre les responsables concernés entre le marteau et l'enclume. Toujours est-il qu'à la veille de l'aïd les familles préfèrent pour la plupart effectuer leurs achats chez ces revendeurs à la sauvette, qui proposent des effets vestimentaires à des prix très compétitifs, au grand dam des boutiquiers.