Plusieurs opérateurs économiques du secteur du bâtiment ont haussé le ton hier contre les nouvelles dispositions arrêtées par la cimenterie de Zahana (Mascara) en matière de commercialisation du ciment conditionné et en vrac. « Les nouveaux managers égyptiens de l'usine ont changé de méthode de travail avec les opérateurs de l'ouest, non sans faire entorse à la réglementation commerciale », s'insurge le chargé de la communication du groupe Hasnaoui Brahim. Selon lui, de nouveaux cahiers des charges établis par les responsables de la cimenterie font obligation aux opérateurs d'avancer 10% du montant de la marchandise tout en s'engageant à le reverser en fin d'exercice à l'opérateur contractant. « La cimenterie va, de la sorte, préfinancer son activité avec l'argent des entreprises de transformation du ciment. C'est une pratique qui s'inscrit en totale contradiction avec les règles du marché et qui risque de pénaliser les petites entreprises et les artisans en bâtiment », soulignent les dirigeants du groupe Hasnaoui. D'autres opérateurs, qui nous ont contactés hier, ont fait état également d'entorses – jugées graves – du règlement bancaire de la part des gestionnaires de l'usine de Zahana. « Outre l'obligation de prépayer le ciment, les responsables commerciaux ont conditionné la livraison du ciment qu'après le versement de la totalité du montant, lequel s'effectuera désormais par chèque de banque », révèlent nos interlocuteurs. Et d'ajouter : « C'est une manière de dénier tout crédibilité aux banques commerciales puisque le chèque de banque ou chèque certifié équivaut en réalité à de l'espèce. C'est aussi une manière d'encourager le paiement en argent liquide, ce qui va à contresens des orientations des instances monétaires nationales. » Cette démarche, déplorent-ils, donne un aperçu sur les difficultés qu'éprouve l'Etat à juguler un secteur (ciment) qui semble toujours échapper au contrôle des pouvoirs publics. Il convient de signaler que le groupe égyptien Arab Swiss Engineering Company (ASEC) a, en juin dernier, acquis 35% de l'usine de Zahana pour un montant de 32,6 millions d'euros. Le groupe Asec s'est fixé pour objectif d'augmenter la production de 2 millions de tonnes par an dans les deux années à venir contre 800 000 actuellement. Implantée dans la localité de Djeniene Meskine (à 50 km de la ville de Sidi Bel Abbès), la société de ciment de Zahana s'étend sur une superficie de plus de 31 ha et emploie quelques 400 employés.