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Le marché du ciment en phase de mutation
Entre l'informel, la forte demande, les investissements et les prix
Publié dans La Tribune le 30 - 09 - 2008


Photo : Sahel
Par Smaïl Boughazi
«C'est une première dans l'histoire», se réjouit le directeur de l'exploitation de la cimenterie de Meftah, M. Boumekhla Younes. Cette cimenterie a enregistré des performances particulières l'année dernière. Sa production annuelle a atteint près de 1 million de tonnes (953 000). «Nous avons une certaine stabilité, depuis quelques années. Il y a aussi l'arrivée d'une nouvelle équipe dynamique», a-t-il justifié. La production de la cimenterie ne dépassait pas, en 2006, 750 000 tonnes/an. Les responsables de l'entreprise, à l'unanimité, affirment que cette performance a été enregistrée grâce au dynamisme qui a caractérisé cette nouvelle équipe. L'augmentation est-elle due à une contrainte particulière ?
M. Boumekhla estime que non. «Il n'y a pas eu de contrainte et le seul but de l'entreprise comme ses semblables est de générer des profits», a-t-il indiqué. La cimenterie de Meftah est un chaînon parmi les 12 cimenteries publiques du pays. Elles sont réparties sur l'ensemble des régions, à savoir les Entreprises des ciments de l'Est, du Centre et de l'Ouest. Ces cimenteries et celles privées arrivent à produire annuellement quelque 11,5 millions de tonnes. Selon les statistiques, la production de toutes les cimenteries du pays, durant le mois d'août dernier uniquement, était évaluée à 1 548 713 tonnes.
Une production loin de satisfaire la demande
Selon les régions, l'ERCE-Est a produit 396 000 tonnes, l'ERCC-Centre 201 000 tonnes, la production de l'ERCO-Ouest a atteint plus de 149 000 tonnes, la cimenterie de Chlef a pu produire 210 000 tonnes et Lafarge -le plus gros producteur de ciment au monde– a pu produire durant la même période 592 000 tonnes. L'Algérie produit en tout et pour tout quelque 12 millions de tonnes, selon certains responsables. Les besoins du marché national, eux, sont estimés à près de 18 millions de tonnes et plus de 20 millions de tonnes à l'horizon 2010. Cet état de fait a de tout temps été un handicap pour le secteur de la construction et du bâtiment. La rareté de ce matériau, devenu précieux malgré lui, a fait que son prix répond donc à des situations de spéculation faisant rage au marché noir particulièrement.
Incontestablement, le ciment est devenu en l'espace de quelques années un produit stratégique. L'Algérie est devenue un chantier à ciel ouvert dans tous les domaines : les barrages en construction, les stations de dessalement en voie d'achèvement, l'autoroute Est-Ouest qui dévore le bitume comme le ciment. Le projet de 1 million de logements lui aussi pointe son nez. Bref, le ciment a volé la vedette à tous les matériaux de construction et les chantiers sont vastes et énormes. Cette demande en ciment de plus en plus croissante a provoqué dans les marchés une situation problématique. L'informel, cet invité indésirable, compte également ses victimes dans ce marché. Il suffit de faire un tour aux différentes cimenteries pour se rendre compte des dégâts de l'informel. A 200 m des cimenteries, les signes sont visibles. Des jeunes guettent aux alentours les clients potentiels.
Pas la peine de les chercher. Ils ont même prévu de la publicité : des sacs de semoule remplis …de ciment sont exposés à même le sol.
Quant l'informel l'emporte …
Les revendeurs côtoient toute la journée les semi-remorques et les camions qui viennent pour transporter le ciment. Approché, l'un d'eux a même proposé à notre guide de lui vendre 10 tonnes qui seront prêtes dès le lendemain à un prix raisonnable, soit 70 à 80 DA de plus que celui appliqué par l'usine. Cette scène se déroule à quelques mètres de la cimenterie de Raïs Hamidou. A Meftah, au contraire, ce sont des baraques qui ont été construites en parpaings à quelques encablures de l'usine. «Ces baraques remplies de ciment alimentent le marché noir», affirme un riverain. Ici, le prix n'est, curieusement, pas élevé. «200 DA le sac !» nous hèle l'un des revendeurs.
Les responsables de la cimenterie de Meftah, interrogés sur cette situation, n'ont pas hésité à répondre : «Nous nous occupons de ce qui se passe à l'intérieur de l'usine. L'informel, c'est le problème des services du commerce», rétorquent-ils. Pour le directeur commercial de la cimenterie de Meftah, M. Ghanem Mourad, les dernières mesures prises par le gouvernement devraient assurément juguler ce phénomène.
Pour lui, «la cimenterie de Meftah ne travaille qu'avec les professionnels du secteur et les dernières mesures prises en vue de réglementer le commerce du ciment ne font que conforter ce qui est déjà pratiqué au niveau de la cimenterie». Plus clairement, il dira que «tous les clients ont leur portefeuille». Et d'ajouter qu'«il n'y a pas de clients qui n'ont pas de registre du commerce sur notre liste».
Des mesures, mais …
Pour rappel, le gouvernement avait annoncé, il y a quelques semaines, des mesures tendant à resserrer l'étau autour de cette mafia du ciment ou ce marché parallèle. Parmi les mesures prises figure en bonne place un cahier des charges qui a fixé pour les entreprises clientes chargées d'un programme de réalisation (autoroutes, barrages, logements, aéroports, ports…), un certain nombre d'exigences. Il est fait état de la déposition d'un contrat de réalisation et d'un état des besoins mensuels approuvé et visé par les responsables du projet (maître de l'ouvrage et éventuellement le bureau d'études), et de s'engager à informer la cimenterie pour tout arrêt de chantier. De même, ces entreprises s'engageront à ne pas procéder à la revente du ciment en l'état. Les revendeurs grossistes sont aussi concernés. Il leur sera exigé non seulement des copies du registre du commerce auprès du CNRC et de leur NIS ainsi que d'une carte fiscale, mais de disposer aussi en propriété ou en location (acte de propriété ou bail de location dûment établis) d'une infrastructure adaptée et autorisée, de stockage et de revente, de surface couverte de 400 m⊃2; au minimum.
La troisième catégorie concernée touche les conditionneurs de ciment et les entreprises de transformation. Ils seront soumis, eux aussi, à un nouveau cahier des charges. Pour les conditionneurs, ils seront tenus, entre autres, de disposer d'un agrément des installations de stockage et de conditionnement de ciment délivré par le laboratoire CETIM, d'enregistrer leur marque et leur label de conditionneur au niveau de l'INAPI et de s'engager à inscrire obligatoirement sur leurs sacs l'origine du ciment ensaché, pour le suivi de la traçabilité du produit. Après l'entrée en vigueur de ce nouveau dispositif, il convient de dire que, selon certains responsables au fait du dossier, «le problème de l'informel n'est ni d'ordre organisationnel ni réglementaire mais plutôt une question de l'offre et de la demande». Il suffit selon cette source «d'inonder le marché et d'augmenter l'offre pour que l'informel perde sa raison d'être». Le gouvernement a, d'ailleurs, annoncé l'importation de 1 million de tonnes de ciment pour répondre à cette demande de plus en plus en augmentation. Une preuve ? Un appel d'offres a été lancé par le groupe public des ciments ERCC pour l'importation d'un million de tonnes de ciment afin d'alimenter ses chantiers de bâtiment et de travaux publics et faire face à une hausse prévisible de la demande durant les prochains mois.
Néanmoins, vu la multiplication des projets, les spécialistes hésitent même à avancer des chiffres concernant les besoins exprimés et ceux satisfaits. Ainsi, la question des capacités de production reste posées. L'Algérie connaît ces dernières années une effervescence économique. Le secteur du ciment n'est pas en reste. Plusieurs groupes ont annoncé la réalisation de cimenteries en Algérie. Le dernier en date est l'égyptien ASEC qui a annoncé en grande pompe le début des travaux de réalisation de la cimenterie de Djelfa. Il s'agit d'une cimenterie qui sera construite pour un coût global qui dépasse les 600 millions de dollars avec une capacité de production de 3 millions de tonnes par an. Ce groupe parle même d'une capacité de production de 5 millions de tonnes par an, ce qui n'est pas négligeable. Aussi, la société italienne Buzzi Unicem a acquis, en septembre 2006, 35% des actions de deux cimenteries pour un montant total de 110 millions de dollars. Il s'agit des cimenteries de Hadjar Soud et de Sour El Ghozlane. Le français Lafarge a, lui aussi, racheté le groupe Orascom Cement pour un montant qui avoisine les 9 milliards de dollars. Il s'agit des cimenteries de M'sila et de Sig. L'objectif du groupe français est de porter la capacité de la première unité à 7,5 millions de tonnes par an et celle de la seconde à 5 millions de tonnes par an. Lafarge participe aussi dans le capital de la cimenterie de Meftah à hauteur de 35 % outre l'obtention d'un contrat de management d'une durée de dix ans. Malgré tous ces investissements, selon les spécialistes, l'Algérie aura encore besoin de grosses quantités de ciment à l'avenir. Les arguments avancés sont, entre autres, la dynamique économique perçue actuellement sur le terrain, la forte demande de logements ainsi que la démographie sans cesse en croissance. Il va sans dire que les besoins nationaux pourraient être satisfaits aussi, selon certains responsables.
Il suffit d'exploiter au maximum les ressources existantes et du fonctionnement normal des cimenteries du pays pour que la production soit à la hauteur.


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