Le ministère de l'Habitat prend des mesures d'approvisionnement du marché en ciment. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme appelle à plus de professionnalisme dans l'approvisionnement en ciment en suggérant l'idée selon laquelle la livraison en vrac est plus économique. Ce matériau coûtera ainsi 10% moins cher, selon lui. La demande en ciment reste forte en Algérie, même après la construction d'un million de logements. Il n'en demeure pas moins que le plan quinquennal 2010/2014 promet une autre tranche d'un million de logements, ce qui ne manquera pas, selon les spécialistes, de conduire à une relative tension dans le domaine. Cette demande est estimée à quelque 15 millions de tonnes annuellement. Du coup, les spéculateurs sont à l'affût faisant grimper les prix en entretenant déjà une psychose de pénurie de ce matériau de construction. Et pour cause, le prix du sac de ciment de 50 kilogrammes avait atteint l'an dernier le seuil de 500 DA l'unité, alors qu'il était cédé à 210 DA sorti d'usine. Le ciment n'est pas seul à subir cette valse des prix. Sont en effet concernés d'autres matériaux de construction tels que le rond à béton, dont la qualité reste toujours à vérifier. Pour ce qui est du ciment il existe même des stocks périmés, selon les affirmations faites par Abdelaziz M'Henni, président de la Confédération des industriels et des producteurs algériens (Cipa). Ce qui pourrait expliquer, avait-il dit, l'effondrement d'immeubles lors du séisme de Boumerdès. Cela étant, la question du ciment et de sa disponibilité refait surface avec la déclaration, hier, de Noureddine Moussa, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme. Il a appelé à partir de Hassi El Ghalla (Aïn Témouchent) les entreprises de réalisation de projets d'habitat et d'équipements publics à adopter des modes plus professionnels dans leur approvisionnement. Ces entreprises, a-t-il déclaré à la presse en marge d'une visite de travail dan la wilaya, «doivent privilégier l'approvisionnement en vrac de ce matériaux de construction au lieu de sacs de ciment». L'ancien mode d'approvisionnement, a estimé le ministre, favorise la spéculation de ce matériau. «Ces mêmes entreprises ont tout à gagner en ramenant du ciment en vrac, qui est largement disponible au niveau des unités de production et leur reviendra 10% moins cher que le ciment en sac.» Il est à souligner à ce propos que les prix TTC (toutes taxes comprises) affichés par les 12 cimenteries publiques du portefeuille de la Société de gestion des participations Industrie des ciments varient selon le type et la classe de résistance de ce liant, entre 220,13 DA et 233,41 DA pour le sac de 50 kg, et entre 3837 DA et 4095 DA pour la tonne de ciment en vrac. Cette forme de livraison et de commercialisation avait fait l'objet, en juin 2008, d'une réglementation émanant du ministère du Commerce, rappelle-t-on. Il faut relever que le ciment en vrac, commercialisé sur le marché national, n'obéissait alors à aucune règle. Très souvent, le produit était vendu dans des sacs ne comportant aucune indication sur son origine ni sur l'entreprise qui le commercialise. Ce ciment se retrouve ainsi utilisé dans les chantiers d'une manière «quasi clandestine», du moment que rien ne prouve qu'il réponde aux normes. Cette pratique constituait, par voie de conséquence, un réel danger sur le bâti à travers le pays. Ainsi, après l'entrée en vigueur de cette nouvelle loi, le conditionnement du ciment est désormais surveillé de près par les autorités, ce qui permet une traçabilité d'un produit sujet à des spéculations cycliques qui affectent très souvent les programmes de construction pour leurs coûts comme pour leur sécurité. Pour revenir aux prix spéculatifs qui ont gangrené le marché, il faut savoir que la flambée des prix au niveau international y est pour beaucoup. Quant à la fermeture de 4 cimenteries employant quelques centaines de salariés, qui a déclenché une certaine forme de pénurie, entretenue par ailleurs par des spéculateurs, il s'agit, selon le ministère, d'une procédure ordinaire employée par toutes les cimenteries du monde. En effet, une fermeture temporaire se pratique de par le monde en hiver, période lors de laquelle les chantiers connaissent un ralentissement. Mais, le fait est que cette année le temps clément chez nous n'a provoqué aucun arrêt ou ralentissement de travaux, la demande est restée donc maintenue au même niveau mais avec une production moins importante, d'où la hausse des prix observée obéissant à la loi de l'offre et de la demande.