Les mains rouges de henné mis à la veille de la catastrophe, pour accueillir la fête de l'Aïd, les dizaines d'enfants de la palmeraie du M'zab n'ont pas la chance de se vêtir de leurs beaux habits et de s'acheter les jouets comme chaque année. Ils ont été évacués in extremis de leurs maisons pour éviter d'être emportés par les eaux en furie, comme l'ont été beaucoup de leurs voisins. Entassés dans les sept classes d'une école coranique à Boulenouar, sans matelas, avec une ouverture pour trois personnes, sans eau potable, ces femmes et enfants partagent un espace très réduit où les disputes se multiplient de plus en plus du fait de la tension. « Nous dormons au froid, nos enfants n'ont pas à manger et nos malades chroniques souffrent parce qu'ils n'ont plus leurs médicaments. Nous sommes délaissés et les aides qui nous parviennent sont celles de simples citoyens », déclare une mère de cinq enfants. Plusieurs autres femmes la rejoignent, certaines en pleurs. D'autres ont du mal à raconter le désespoir qu'elles subissent avec leurs enfants. « Nous dormons entassés à même le sol, sur des tapis en plastique. Nous n'avons pas de lait pour nos enfants, pas de linge de rechange » affirme Zohra, mère de sept enfants, dont le plus âgé a 17 ans. Zahia est veuve depuis mercredi. Son mari, après avoir sauvé ses quatre enfants, a été pris par les eaux. Il a également laissé trois autres enfants avec une seconde épouse qui partage avec elle les couvertures. Les discussions deviennent impossibles du fait des cris des enfants. Certains pleurent de faim et d'autres de malaise. Le climat est tendu, poussant de nombreuses mamans à des crises de larmes et d'hystérie. L'angoisse des nuits glaciales à même le sol s'installe à chaque coucher du soleil. « Nous ne pouvons plus continuer à vivre dans des conditions aussi inhumaines. Nous voulons que l'Etat mette les moyens pour nous aider à reprendre vie. Nos enfants risquent d'être contaminés par des maladies vu le manque d'hygiène et la promiscuité, si rien n'est fait. Nous sommes au bord d'une catastrophe humaine », déclare Zohra, les larmes aux yeux. Elle nous prie de transmettre un appel à la solidarité pour que « les enfants ne meurent pas de faim ou de froid dans l'Algérie de 2008 ».