Au lendemain des élections locales du 10 octobre 2002, le président Bouteflika avait, publiquement, déclaré qu'une nouvelle loi sur les partis allait voir le jour et qu'une importante disposition serait introduite dans ce texte. « Tout parti qui n'obtiendra pas, lors d'une élection, 5 % des voix exprimées sera dissous », avait-il, crûment, lancé. En ce temps-là, la classe politique n'avait pas réagi à cette annonce du fait qu'elle était suspendue à l'échéance de l'élection présidentielle d'avril 2004. Sauf que depuis cette date et jusqu'à aujourd'hui, en diverses occasions, le chef de l'Etat, l'actuel chef du gouvernement et même certains chefs de parti ne cessent d'utiliser l'expression « recomposition du champ politique ». Une expression qu'aucun politique n'a pu (ou voulu) expliciter pour l'instant. Mais il est clair que, depuis quelques semaines, la classe politique vit une effervescence particulière. Cette effervescence est liée, particulièrement, à la mise en conformité (du fonctionnement) des partis avec les statuts et règlement intérieur qui les régissent. A commencer par le MDS de Hachemi Chérif qui annonce sa participation aux prochains rendez-vous électoraux et la tenue de son deuxième congrès le 23 mars 2005. El Islah, pour sa part, se prépare à tenir son premier congrès à partir du 29 décembre après cinq années d'existence. Le MSP convoque, quant à lui, son madjliss echoura (conseil consultatif) pour le 30 décembre pour adopter son programme annuel de 2005. Le FFS a tenu, ce week-end, son conseil national où il a mis en place des commissions permanentes et les organes statutaires de cette instance dans la perspective de son congrès national durant le premier semestre 2005. Ennahda tente de reconquérir l'électorat perdu lors des législatives et des locales de 2002 en multipliant les sorties sur le terrain. Ces exemples démontrent qu'au-delà des préparatifs du référendum sur l'amnistie générale devant se tenir l'année prochaine, une démarche officielle est enclenchée pour « la mise à niveau » des partis. « Un remake de ce qui s'est passé en 1997 (du temps du président Liamine Zeroual) pourrait bien avoir lieu dans un proche avenir », soutient un responsable à la présidence de la République. On se rappelle bien que la loi 97-09 du 6 mars 1997 portant loi organique relative aux partis politiques était venue remplacer un texte antérieur. Il s'agit de la loi 89-11 du 5 juillet 1989 relative aux associations à caractère politique ayant vu le jour après l'adoption d'une nouvelle Constitution en février de la même année. A ce sujet, la démarche du pouvoir actuel obéirait à l'objectif de ramener les partis « à participer à la vie politique (...) à travers le regroupement de citoyens algériens autour d'un programme politique » (article 2 de la loi 97-09). Un véritable défi pour une classe politique ayant vécu trop longtemps amarrée à un système devenu, aujourd'hui, obsolète. D'où des crises larvées au sein de la majorité des partis.