Le village Aït Saïd, dans la commune de Chaâbet, est dans un état lamentable. Situé à 3 km à l'est du chef-lieu de la commune, ce village, d'une population estimée à plus de 4000 âmes, peine à relever le défi du développement. Aït Saïd est pénalisé par une myriade de problèmes sans fin. L'impraticabilité de ses routes rend le quotidien des citoyens amer. Le chemin principal qui le relie au chef-lieu de la commune est dégradé. Le pont Bouiri sur le même chemin, détruit il y a deux ans de cela par les eaux diluviennes d'un hiver rigoureux, n'est toujours pas reconstruit. Et le citoyen éprouve d'énormes difficultés pour se déplacer, en voiture ou à pied. « Nous vivons dans l'isolement total depuis que les crues de l'oued ont détruit le pont il y a 2 ans », nous dit un villageois. « C'est le seul chemin qui nous relie au chef-lieu, nous n'avons pas d'autres accès », ajoute-t-il. Un responsable du comité de village nous a informés que le wali de Boumerdès s'est rendu au village dernièrement pour s'enquérir de l'état dudit pont. « L'hiver approche et il n'y a rien de concret depuis la visite du wali, nous ignorons comment nous allons encore passer la saison », fulmine notre interlocuteur. Il semble que la population est condamnée à revivre encore la même expérience. Nombreux sont ceux qui empruntent ce chemin. Surtout les écoliers et les lycéens. Les citoyens ont sollicité tant de fois les autorités locales mais leurs requêtes restent vaines. La dernière en date c'est la fermeture du siège de la daïra des Issers, le 15 juillet dernier. « Le premier magistrat de la daïra nous a promis de débourser une somme de 1 milliard de centimes pour le revêtement du chemin reliant Chaâbet el Ameur à Azzouza en passant par Aït Saïd », nous confie un habitant. Ce village, raccordé au réseau d'AEP, il y a 20 ans, vit un manque intenable d'eau potable. L'eau coule rarement dans les robinets, surtout en été. « Heureusement que nous avons des sources d'où nous nous approvisionnons », déclare un villageois en route vers la source Thala Yeghram. Un habitant sexagénaire nous dit que « cette source date de l'époque romaine ». Par ailleurs, un communiqué des autorités locales indique que cette source est contaminée, se basant sur des analyses effectuées par les services de l'hydraulique. Le quotidien des citoyens ne cesse de se dégrader et devient de plus en plus dur. Le chômage prend en otage la frange juvénile qui fait face à d'énormes difficultés. Par conséquent, la majorité des jeunes s'évade pour trouver refuge dans le travail de la terre contre un salaire de misère. Par ailleurs, l'absence d'infrastructures culturelles, sociales et sportives fragilise davantage cette frange sensible. Même le terrain de sport du village est dans un état de dégradation. L'absence de transport scolaire pour les deux paliers (primaire et moyen) est un autre motif de mécontentement des habitants. On déplore aussi l'absence d'une salle de soins. « Le projet a été inscrit et le choix de terrain a été fait, mais les travaux tardent à démarrer », dit un habitant. Un responsable du comité du village nous a déclaré que « l'exécutif communal nous a demandé de recenser tous les besoins du village afin de les aider à établir les priorités en vue d'un règlement progressif des difficultés que nous vivons ». Un villageois de Aït Saïd nous déclare avec amertume : « Nous sommes plongés dans l'oubli, les autorités nous ignorent toujours, elles n'ont rien fait pour nous tirer du fond de l'abîme. C'est désolant de se trouver dans une situation pareille. »