L'arc de triomphe de Caracalla de la wilaya de Tébessa est en restauration depuis 2002. Tout allait bien, jusqu'à ce que les poteaux de fer devant être remplis en béton armé, pour en faire des colonnes, deviennent visibles. L'association Minerve, pour la protection des ruines et la sauvegarde de l'environnement, alerte les autorités par rapport interposé, jugeant la chose inesthétique et inappropriée. Selon le président de cette association, une commission de wilaya chargée du suivi des travaux n'existe que sur le terrain. On parle de procédés rudimentaires, de matériaux non appropriés, étrangers à la roche d'origine (mortier à base de ciment blanc teinté), crépissage sur un fond noble, et bien d'autres choses. Cependant, l'association, qui au reste ne prétend pas prendre la place des spécialistes en la matière, s'inquiète d'une seule chose : que la restauration soit effectuée selon les normes en vigueur de par le monde. A l'issue d'une réunion ayant regroupé le 21 décembre dernier, les responsables de la Direction du logement et des équipements publics (Dlep), maître de l'ouvrage de la circonscription archéologique, les représentants de l'association Minerve, du bureau d'études Handassa oua Bina et de l'entreprise réalisatrice du projet Monumentalis, il a été décidé d'arrêter les travaux jusqu'au 3 janvier 2005, date à laquelle aura lieu une autre réunion devant regrouper les principales parties chargées de réaliser ce projet et principalement le bureau d'études Handassa oua Bina, pour être fixés sur la nature de ces travaux, surtout ceux concernant la restitution des colonnes et des chapiteaux. Ce sont, en l'occurrence, trois colonnes qui doivent être restituées, en plus des 13 existantes. Selon les membres de l'association, entre autres décisions, il lui (à cette association) a été autorisé de contrôler les travaux à tout moment avec l'aide de spécialistes. Le bureau d'études doit justifier la conformité des travaux engagés par rapport aux normes techniques et appropriées et la composition du mortier. Les membres de cette commission sont chargés de se réunir tous les 15 jours, à partir du 3 janvier prochain au niveau de la circonscription archéologique pour faire le point sur les travaux. Mme Mokrani, responsable de la circonscription archéologique de Tébessa, confirme les mesures prises lors de cette réunion. « Il y a un malentendu concernant la couleur de la résine entre les pierres de taille. Cet arrêt des travaux est observé en attendant l'explication par le bureau d'études et l'entreprise réalisatrice à propos de la couleur de la résine et sa composition, parce que, par endroits, la couleur est claire par rapport à celle originale de l'ensemble du bâti ou de l'édifice, et par endroits foncée. » Elle se pose la question de savoir s'il est logique ou artistique d'utiliser du béton armé pour les colonnes. « Il y a des doutes ». Le directeur de la Dlep s'en tiendra à ces mots : « La restitution des colonnes est en instance, on attend la décision des spécialistes en la matière, le bureau d'études concerné, la direction de la culture et notamment l'association Minerve. » Dans cette direction, l'on nous apprend qu'il s'agit de la restauration et de la mise en valeur de l'arc de triomphe de Caracalla. L'étude et la réalisation sont estimées à 21 MDA. Les travaux se feront en deux phases, celle de préparation qui concerne la consolidation et l'échafaudage, et une de la restauration proprement dite. Les travaux ont commencé, le 18 décembre 2002 et doivent être achevés le 12 octobre 2005. Le taux d'avancement est à 20%. Cette porte de Caracalla est un édifice grandiose, bâti entre 211 et 214 après J. C., en honneur à cet empereur (211-217), fils de Septime Sévère d'origine africaine. Par ailleurs, comme on le sait, deux têtes de statues de chacun de ces deux empereurs ont été volées en 1996 du théâtre romain de Guelma. Rappelons aussi que, grâce à un édit de Caracalla, les Numides, sortant du statut d'esclaves, devenaient des citoyens romains à part entière. L'étude a conçu trois variantes de confection des colonnes ou trois prototypes : des colonnes en résine (mortier spécial, ciment plus sable, etc.), soit en pierre taillée en plusieurs éléments, et enfin soit en béton armé. Selon Akli Ahmed, architecte, responsable du bureau Handassa oua Bina : « On a opté pour la dernière variante, car on a trouvé que c'est le seul matériau qui puisse répondre à la stabilité structurelle du monument, on l'a utilisé au théâtre romain de Guelma, ce matériau est dissimulé et le côté esthétique reste intact. Cette partie des trois colonnes, qui ne constituent que 5% du projet, est en dégradation accélérée. Aussi cela nécessite une consolidation verticale en béton armé. » Et d'ajouter que pour la restauration de la toiture, dont les pierres menacent de s'écrouler, une consolidation horizontale avec des tirants (poutres) en acier est nécessaire. L'architecte nous apprend que le projet comprend aussi la restauration de ce qui existe, les autres colonnes existantes avec de la résine et certains matériaux spécifiques à la restauration ramenés de plusieurs pays. Pour la restitution des parties disparues, moulures, corniches corinthiennes, chapiteaux, on utilise, selon ses propos, la silicone (colle spéciale) pour reproduire les mêmes parties. Au préalable, il a fallu procéder au nettoyage de l'édifice, à la réfection des jointures. Selon lui : « Pour cela, la pierre existante étant en tuf, nous utilisons un mélange de matériaux confectionné à cet effet pour faire une pierre artificielle ayant la même couleur que le tuf. »