Après avoir fait état de l'importance des pluies qui se sont abattues sur Ghardaïa et de l'ampleur des inondations qu'elles ont provoquées, il a abordé, dans le menu détail, les mesures d'urgence prises par les autorités pour atténuer les effets de la catastrophe. La salle verte de la wilaya de Ghardaïa a abrité jeudi, dans l'après-midi, une conférence de presse tenue par M. Yahia Fehim, wali de Ghardaïa. Abordant les faits, endogènes et exogènes, ayant concouru aux dramatiques évènements, le wali a voulu d'abord mettre en exergue la violence inattendue des éléments de la nature. “Nous recevons régulièrement les bulletins météo. Nous étions donc informés de l'imminence des intempéries. Nous nous étions préparés en conséquence et avions pris, avec les parties concernées, notamment avec la Protection civile, toutes les mesures appropriées pour y faire face. Mais à aucun moment, nous ne nous doutions que celles-ci seraient de cette force inouïe. Ce qui nous a surpris et dépassés. Imaginez qu'en 20 minutes, il est tombé 60 millimètres de pluie. À titre de comparaison, pour la meilleure année, il a été enregistré une pluviométrie de 50 millimètres et sur toute une année. Cela vous donne une idée de l'ampleur des précipitations, ce qui augurait donc d'une catastrophe non annoncée.” Selon le wali, “ce n'est pas tant les précipitations qui ont causé les plus gros dégâts, et ce, malgré leur ampleur phénoménale, mais bien l'accumulation des eaux de pluies charriées par les oueds depuis El-Bayadh, Djelfa et Laghouat”. Les flots en provenance de ces régions viennent, grossissant en cours de route, tous se jeter dans la chebka vers l'oued N'sa et l'oued Brezina pour ce qui est de Guerrara et de Metlili, et vers l'oued Labiod, l'oued Lâadira et l'oued El-Kabch, confluents naturels de l'oued M'zab. Il a aussi énuméré les décisions prises lors de la réunion d'urgence présidée par le ministre de l'Intérieur, le mercredi soir à Ghardaïa. “Sans Zodiac, il nous était impossible de parvenir aux sinistrés. La Protection civile, à notre demande, en a dépêché 7 d'Alger et 200 agents de la Protection civile par avion spécial”, fera savoir le wali qui indique aussi avoir sollicité le concours de l'ANP, qui a aussitôt dépêché 4 hélicoptères. Ces derniers ont servi, dans un premier temps, à déployer dans les zones inaccessibles par route des éléments de la Protection civile pour porter secours aux sinistrés isolés. Quatre avions militaires ont aussi atterri à l'aéroport Moufdi-Zakaria de Ghardaïa, chargés de tentes, de couvertures et autres denrées alimentaires telles que lait, lentilles, huile et autres. Le wali précise qu'un “QG des opérations” est prévu au complexe omnisports de Noumérat. Il servira aussi de “centre de tri” auquel s'ajouteront d'autres centres secondaires, ainsi que des centres d'hébergement d'urgence qui seront ouverts dans les communes sinistrées. Une caravane de plus d'une vingtaine de camions remplis de vivres, tentes et couvertures en provenance de plusieurs wilayas est annoncée. “En gros, plus de 600 tentes, 10 000 couvertures, 400 tonnes de nourriture sont en phase de distribution ainsi que des milliers de bouteilles d'eau minérale. Ordre de réquisition est donné pour que toute la production de l'usine d'eau minérale d'El-Menia soit dirigée vers Ghardaïa. Nous avons aussi réceptionné une station d'eau ainsi que trois boulangeries mobiles d'une capacité de production de 5 000 pains/jour. Des groupes électrogènes ont aussi été réceptionnés et seront installés rapidement. Pour les quartiers où il est impossible de les installer, des camions dits girafes, munis de projecteurs surpuissants seront déployés pour les éclairer”. Des ingénieurs du CTC assistés d'équipes d'expertises seront déployés pour évaluer les dégâts. “Il est attendu que beaucoup de bâtisses s'écroulent du fait de l'assèchement de leurs structures. Si l'on considère 300 domiciles, à 10 personnes chacun, détruits, cela fait déjà 3 000 sinistrés qu'il faudra impérativement prendre en charge et immédiatement”. Par ailleurs, le wali annonce l'arrivée à Ghardaïa de hauts cadres de l'Etat, sans les citer, devant contribuer à la recherche de solutions idoines pour la région. Le DG de la Protection civile, M. Mustapha Lehbiri, quant à lui, est déjà sur place. À une question de Liberté quant au sort réservé aux élèves dont les écoles ont été plus ou moins endommagées par les intempéries, le wali affirme que “des dispositions seront prises pour réorienter les élèves des écoles touchées vers d'autres écoles, ou, à l'extrême limite, ramener des chalets”. “C'est un travail de longue haleine… de longue durée”, soupire-t-il, avant d'ajouter sur un ton triste “Ghardaïa la carte postale, celle qu'on connaissait, est partie. Dire qu'on attendait un premier vol direct de touristes à partir de Marseille-Marignane à compter du 15 octobre, sur lequel on fondait beaucoup d'espoirs pour relancer l'activité touristique dans la région !” Avant de lever la séance et de convier l'ensemble des confrères présents à faire une tournée en hélicoptère pour constater l'ampleur des dégâts, le wali a tenu à présenter ses sincères condoléances aux familles des victimes. L. KACHEMAD