Comme en 1980, le 28e anniversaire du violent séisme d'El Asnam, aujourd'hui Chlef, interviendra un vendredi, ce 10 octobre 2008. Pour les nombreuses familles touchées, il s'agit d'un souvenir impérissable et douloureux à la fois, qui rappelle une tragédie de grande ampleur ayant causé plus de 4000 morts et des milliers de blessés et de sans-abri. 28 ans après, les victimes ont l'impression d'être des éternels laissés-pour-compte, sans aucune assistance ni prise en charge par les pouvoirs publics.Il est vrai que les 20 000 familles sinistrées occupent toujours des habitations en préfabriqué, dont la durée de vie est largement dépassée, entraînant des conséquences néfastes sur leur santé avec leur lot de maladies respiratoires et allergiques. Les représentants des sinistrés vont jusqu'à qualifier ces constructions de « nid de d'affections graves, comme le cancer en raison de la présence de l'amiante, un matériau dangereux interdit sous d'autres cieux ». Les gouvernements qui se sont succédé depuis 1980 ont toujours, selon les habitants, tourné le dos aux revendications légitimes des populations, allant jusqu'à renier leurs propres engagements relatifs à la reconstruction définitive de la région et l'élimination des stigmates de cette catastrophe naturelle. Le dossier a été tout de même rouvert ces dernières années, mais sans aucune étude sérieuse ni consultation des principaux concernés, à savoir les comités de quartiers représentés au sein d'une coordination que préside Mohamed Yacoubi qui a été, pour rappel, condamné à six mois de prison avec sursis pour ses déclarations sur le sujet, suite à une plainte de l'ex-wali. Pour le traitement d'un dossier aussi complexe et sensible, on a plutôt laissé l'initiative à des responsables zélés qui étaient complètement coupés de la réalité du terrain, faisant cavalier seul et ne tolérant aucune discussion ni remarque ou avis contradictoire sur la question. On a, par exemple, scindé les sinistrés en deux catégories (locataires et propriétaires des baraques) avec le relogement pour les premiers et des crédits bancaires pour les seconds, notamment ceux désirant réhabiliter leur demeure. Débute alors la réalisation de trois nouvelles cités de 6300 logements sociaux sur des terres agricoles, à la périphérie des communes voisines de Chlef et de Chettia. Alors que les travaux étaient engagés, des députés en fin de mandat décident enfin de réagir et obtiennent une aide pour l'ensemble des occupants de ce type d'habitat. La mesure, qui a été approuvée par le Parlement, sera consignée dans la loi de finances de 2007 signée par le président de la République en décembre 2006. Mais contre toute attente, elle sera remise en cause et supprimée, sans aucune explication, par le même gouvernement, dans la loi de finances de 2008. La mauvaise nouvelle avait été annoncée par le ministre de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, en marge de la visite qu'avait effectuée dans la région le chef de l'Etat, en date du 27 mai 2007. Cela n'a fait qu'exacerber le mécontentement des Chélifiens qui attendaient avec impatience la mise en œuvre de ce dispositif. Loin de se décourager, les représentants des sinistrés continuaient à faire valoir leurs droits légitimes dans un cadre pacifique et organisé. Mais toutes les portes du dialogue étaient fermées par ceux-là mêmes qui étaient censés les écouter et répercuter leurs doléances à qui de droit. Suite... Vint alors le procès du coordinateur des sinistrés que d'aucuns qualifient de « provocation qui allait mettre le feu aux poudres ». « Au lieu de trouver des solutions à nos revendications, le wali de l'époque avait engagé des poursuites contre notre représentant, dont le seul tort est d'avoir osé dénoncer le revirement du gouvernement et l'indifférence des autorités locales », indiquent des citoyens. Même si le procès a été l'élément déclenchant des émeutes survenues en avril dernier, les circonstances précises de leur déclenchement demeurent inconnues pour le moment. Toujours est-il que les autorités centrales ont réagi rapidement après ces événements et révisé leur position vis-à-vis de certaines questions, comme le relogement forcé des sinistrés locataires et l'annulation de l'aide financière. Cependant, les détails concernant le soutien préconisé n'ont pas été précisés pour le moment par les responsables concernés, lesquels se contentent d'indiquer que la question sera tranchée après l'achèvement du recensement en cours et l'étude, par le gouvernement, du rapport qui lui sera soumis après la clôture de cette opération.Les citoyens concernés, eux, restent sceptiques et préfèrent attendre les résultats de la commission gouvernementale en charge du dossier. Ces derniers seront-ils à la mesure de leur attente ou s'agira-t-il d'une nouvelle tentative de noyer la contestation ? L'avenir nous le dira.