Les souvenirs de l'automne 2007 sont encore frais dans les mémoires, quand les usagers au niveau de cette région ont vu s'écouler des robinets des eaux de couleur noire pétrole. Déjà avec les premières averses, les habitants de la localité de Soummaâ, distante de 6 km de la ville de Blida, se sont rabattus sur la consommation des boissons minérales pour la simple raison que l'eau des robinets est devenue trouble, voire noirâtre. Ce phénomène apparaît au rythme des intempéries qui sévissent dans cette région et s'accentue à la suite des événements pluviométriques succédant à des épisodes de feux de forêt. Mais sinon, à longueur d'année, nous dit-on, il y a toujours des matières en suspension (MES) invisibles à l'œil nu et qui finissent après un temps de décantation par former un précipité au fond des récipients. Les pesticides et les engrais entraînés par les eaux de ruissellement pourraient être aussi une source de contamination pour les habitants de cette localité alimentée en système d'amenée des eaux à ciel ouvert. Le même scénario risque de se répéter cette année sur les versants, calcinés par les derniers incendies du mois de septembre 2008. Ces endroits constituent le bassin de drainage de oued Beni Azza qui alimente en eau potable une grande partie de Ouled Yaïch, Khazrouna, les hauteurs de Soummaâ, Bouinan… Ces endroits cumulent d'importantes quantités de cendres qui ne sont pas sans altérer la qualité de l'eau, d'un côté. D'un autre côté, il est tout à craindre pour les équipements hydrauliques sollicités par ces eaux chargées de boue fine, trouble et collante : colmatage de la tuyauterie, envasement des réservoirs, risque de corrosion des organes de pompage par les sédiments minéraux à surface abrasive. Ces boues, à forte concentration en matière organique, présentent aussi une grande aptitude à la putrescibilité, d'où le risque de maladies microbiologiques. Ces eaux chargées engendrent aussi des surcoûts de traitement de l'eau : le coût des réactifs chimiques à l'exemple des floculants et des coagulants. « Pour l'instant, il faut attendre longtemps avant de voir le bassin versant drainer ces milliers de tonnes de débris noirs : flore et faune calcinées. Néanmoins, de fortes intensités de pluie prolongées dans l'ordre des 24 heures seront à même de réduire d'une manière assez notable le temps de purge du bassin de drainage. Après la disparition des cendres, la réduction de la turbidité des eaux est certaine. Toutefois, le processus d'érosion des sols, à défaut d'un aménagement adéquat, s'inscrivant dans une visée de développement durable, restera des plus actifs dans cette région », explique le Pr B. Remini, expert en hydraulique et enseignant chercheur à l'université de Blida. Les habitants touchés n'ont d'autre choix que de se ruer, nonobstant la contingence de la cherté de la vie, sur l'eau conditionnée, sinon l'eau de citerne, sachant que la majorité des réseaux AEP sont toujours dépourvus de station de traitement d'eau. Il est urgent que des opérations de forage mettent fin à une aussi déplorable conception d'AEP qui menace la santé des habitants. Anis B., Mohamed Abdelli